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HUCHEL PETER (1903-1982)

Peter Huchel aura été un poète partagé entre les deux Allemagnes. Né dans « la troisième nuit d'avril » 1903 à Berlin-Lichterfelde, il fait ses timides débuts d'écrivain à partir de 1925. Il collabore épisodiquement à différentes revues (Die Kolonne, Die literarische Welt) et écrit quelques pièces radiophoniques. Il s'affirme véritablement au lendemain de la guerre, en jouant un rôle décisif dans la vie culturelle de la jeune République démocratique. Ami de Johannes R. Becher et de Bertolt Brecht, il fonde et dirige dans un souci d'indépendance intellectuelle la revue Sinn und Form, qui acquiert bientôt une audience considérable. Mais il est destitué de ses fonctions en 1962 et contraint au silence. Grâce à la protestation unanime de nombreux écrivains, il peut enfin quitter le pays. Il réside en République fédérale à partir de 1971.

L'œuvre de Peter Huchel se réduit aux Poèmes (Gedichte) parus à Berlin-Est en 1948 et l'année suivante en R.F.A., et aux recueils Chaussées (Chausseen, 1963), La Nasse aux étoiles (Die Sternenreuse, 1967), Jours comptés (Gezählte Tage, 1972) et La Neuvième Heure (1979). Poète lyrique de la nature et poète politiquement engagé : toute l'originalité de Huchel tient dans ce paradoxe : Debout sur le pont, / J'étais seul face à l'atone froidure du / ciel. / Faiblement, / Par la gorge des joncs, / Le fleuve gelé respire-t-il encore ?

Le paysage n'est pas une parenthèse idyllique dans l'histoire. C'est un monde gelé, embrumé, peuplé d'ombres, où subsiste néanmoins une promesse. Le paysage du poète est habité : mendiants et solitaires le traversent, personnages précaires et fragiles qui se cherchent. Huchel revendique un langage simple, « une métaphore lisible ». La poésie n'est pas un jeu de cache-cache avec le sens, et le refus du maniérisme n'est pas un appauvrissement. Huchel se garde de confondre hardiesse et hypertrophie métaphorique. C'est, en fin de compte, un poète modeste, devenu malgré lui symbole politique, qui prouve que parler des « ombres des collines » ou de « l'odeur de la pluie » ne signifie pas forcément fuir devant la société et l'histoire.

— Jean-Jacques POLLET

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