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SCHREIER PETER (1935-2019)

Peter Schreier naît en Allemagne, le 29 juillet 1935 à Gauernitz, près de Meissen (Saxe). Son père, instituteur mais aussi chantre et organiste, décèle très tôt les aptitudes de l’enfant, qu’il inscrit, dès l’âge de huit ans, dans la classe préparatoire du Dresdner Kreuzchor, ensemble vocal de garçons dont l’origine remonte au début du xiiie siècle. Le compositeur Rudolf Mauersberger, qui dirige ce chœur depuis 1930, le recrute et le choisit très vite comme premier soliste alto. C’est ainsi qu’on peut l’entendre dans les premiers microsillons allemands consacrés aux cantates de Bach que publie Das Alte Werk entre 1948 et 1951. Devenu ténor après sa mue, Peter Schreier se forme à Leipzig auprès de Fritz Polster, puis au Conservatoire de Dresde (1956-1959) sous la houlette d’Hermann Winkler. Son diplôme en poche, il est engagé par l’Opéra de Dresde en 1959, puis, en 1963, par le Staatsoper de Berlin. Citoyen de la République démocratique allemande, il se produit d’abord essentiellement sur les scènes des pays du bloc de l’Est. Cependant, sa réputation ne tarde pas à s’étendre en Europe occidentale. Il fait ses débuts à Bayreuth (1966), Salzbourg (1967) et New York (1968). Invité permanent, et ce pendant plus de vingt-cinq ans, par le Festival autrichien, il offre une voix idéalement agile et claire aux principaux rôles mozartiens de sa tessiture mais aussi, sous la direction d’Herbert von Karajan, au personnage de David des Maîtres chanteurs de Nuremberg de Wagner. Au concert comme au disque, il montre la même aisance dans le Freischütz de Weber avec Carlos Kleiber, Les Saisons de Haydn avec Karl Karl Böhm, le Requiem de Berlioz avec Charles Munch, Elias de Mendelssohn avec Wolfgang Sawallisch ou Les Sept Péchés capitaux de Kurt Weil avec Herbert Kegel. Lui-même se saisira de la baguette dès le début des années 1970 dans un répertoire classique (Bach, Mozart, Haydn). Il participe à la création à Salzbourg de Temporum fine comoedia de Carl Orff (1973) et, au Staatsoper de Berlin, à celle d’Einstein de son contemporain Paul Dessau (1974).

Le lied constitue une part essentielle de l’univers musical de Peter Schreier. De Mozart à Mahler, il excelle dans la grande tradition germanique. Son intelligence musicale, la souplesse de son phrasé et un sens aigu du théâtre révèlent un interprète saisissant, à l’égal des plus grands. Une vaste discographie nous permet de l’entendre en compagnie de pianistes de haute volée comme Norman Shetler, Christoph Eschenbach, András Schiff, Jörg Demus ou Sviatoslav Richter. Il ne dédaigne pas pour autant la musique de son temps et crée plusieurs partitions signées Gottfried von Einem – LiebesundAbendlieder op. 48 (1978), LeibundSeelensongs op. 53 (1980) –, Wilhelm Killmayer – Hölderlin Lieder 1er cycle (1986) et 2e cycle (1987) – et Heinrich Sutermeister – Consolatiophilosophiae (1979).

Peter Schreier - crédits : Meißner/ Ullstein Bild/ Getty Images

Peter Schreier

Mais c’est sans aucun doute dans les œuvres de Jean-Sébastien Bach que Peter Schreier laisse la trace la plus profonde. Sous la baguette de Karl Richter ou d’Herbert von Karajan et même lorsqu’il chante et dirige à la fois, il impose un style hors du temps, à peine ébranlé par l’instrumentation baroque et les analyses historiquement informées. Il incarne, dans les Passions selon saint Matthieu et selon saint Jean, de même que dans l’Oratorio de Noël, l’un des plus impressionnants Évangélistes de l’histoire. La ligne intransigeante de la narration biblique, sans le moindre instant de détente que pourrait offrir une aria, est portée avec une rigueur, une violence contenue et une évidence expressive exceptionnelle. La beauté du timbre n’est ici que l’humble servante de l’éloquence.

Peter Schreier unira dans ses adieux Mozart – avec, en 2000, au Staatsoper de Berlin, un ultime Tamino de La Flûte enchantée – et Bach, en incarnant un dernier Évangéliste dans l’[...]

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Peter Schreier - crédits : Meißner/ Ullstein Bild/ Getty Images

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