SNELL PETER (1938-2019)
L'athlète néo-zélandais Peter Snell fut le maître du demi-fond court au début des années 1960. Champion olympique du 800 mètres en 1960 et en 1964, du 1 500 mètres en 1964, il détint les records du monde du 800 mètres (1962-1973), du 880 yards (1962-1966), du 1 000 mètres (1964-1965) et du mile (1962-1965).
Peter George Snell est né le 17 décembre 1938 à Opunake, sur la côte occidentale de l'île du Nord. Il effectue ses études à la Mount Albert Grammar School d'Auckland, tout en pratiquant divers sports : le rugby, bien sûr, faisant l'admiration des esthètes par son style puissant et délié au poste de trois-quarts centre, le cricket, le tennis... Il ne tâte de l'athlétisme qu'en 1957. Dès lors, il s'entraîne sous les conseils d'Arthur Lydiard, qui privilégie l'endurance pour préparer son élève. En 1960, Snell ne compte encore aucune performance notable, mais Lydiard, malgré le scepticisme de tous, insiste pour qu'il soit sélectionné pour participer aux jeux Olympiques de Rome. Le 800 mètres semble alors promis à l'expérimenté Belge Roger Moens (trente ans) : celui-ci avait battu en 1955 le record du monde détenu depuis seize ans par l'Allemand Rudolph Harbig (1 min 46,6 s) en couvrant la distance en 1 min 45,7 s, mais il n'avait pas pu défendre ses chances aux Jeux de Melbourne en 1956 en raison d'une blessure. Néanmoins, certains spécialistes pensent que le Jamaïquain George Kerr pourrait tenir la dragée haute au Belge. La finale est lancée tambour battant par le Suisse Christian Waegli, qui boucle le premier des deux tours de piste en moins de 52 secondes ; Roger Moens se décale à 200 mètres de l'arrivée, déborde facilement Waegli, compte 6 mètres d'avance sur le peloton et vole vers la victoire ; il se retourne plusieurs fois vers les couloirs extérieurs pour répliquer à une éventuelle menace, mais aucun adversaire ne semble en mesure de l'attaquer ; or c'est à la corde que Peter Snell, pourtant enfermé à 100 mètres du but, surgit : dans les ultimes foulées, il coiffe Moens et s'impose en 1 min 46,3 s (record olympique).
Peter Snell, jusque-là inconnu de tous, s'affirme donc de la plus belle des manières sur la scène athlétique internationale. Néanmoins, l'année suivante, il ne réalise aucune performance notable, et certains pensent que ce titre olympique surprenant restera un exploit isolé. Mais ce n'est pas le cas : Peter Snell a en fait choisi de « décompresser ». Au début de l'année 1962, malgré la qualité médiocre de la piste en herbe du stade de Wanganui, il court le mile en 3 min 54,4 s, battant d'1 dixième de seconde le record du monde détenu par le célèbre Australien Herbert Elliott ; une semaine plus tard, à Christchurch, toujours sur une piste en herbe, il s'attaque aux records du monde du 800 mètres et du 880 yards : il court le 880 yards en 1 min 45,1 s, battant le record du monde de l'Américain Thomas Courtney (1 min 46,8 s) ; au passage aux 800 mètres, il est chronométré en 1 min 44,3 s et dépossède donc Moens de son record. Toujours en 1962, il remporte le 800 mètres et le mile aux jeux de l'Empire britannique et du Commonwealth. Puis il disparaît de nouveau de la scène sportive pour plusieurs mois, car ce champion plus que doué rechigne à s'astreindre à un entraînement rigoureux quand aucune compétition prestigieuse ne figure au calendrier international. Au début de l'année 1964, il reprend sa préparation, toujours avec Arthur Lydiard qui le soumet à de rudes séances, à la fois pour rattraper le temps perdu et pour permettre à son élève de relever un défi aux Jeux de Tōkyō : réaliser le doublé 800-1 500 mètres. Personne n'a réussi cet exploit depuis 1920 et, désormais, celui-ci semble improbable, tant ces deux épreuves demandent une stratégie différente ; en outre, pour parvenir à ses fins, le champion néo-zélandais devra disputer[...]
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Écrit par
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Autres références
-
TŌKYŌ (JEUX OLYMPIQUES DE) [1964] - Chronologie
- Écrit par Pierre LAGRUE
- 4 218 mots
...cure : il part le plus vite possible et tente de tenir jusqu'à l'arrivée. À 250 mètres du but, Kiprugut est toujours premier alors que le Néo-Zélandais Peter Snell, tenant du titre, navigue en queue de peloton ; Snell accélère brutalement et dépasse tous ses rivaux pour prendre la tête à 100 mètres de...