Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

USTINOV PETER (1921-2004)

Auteur d'une vingtaine de pièces de théâtre, de plusieurs scénarios et d'une dizaine de livres, interprète de plus de 40 films, Peter Ustinov a fait montre au cours de son existence d'un éclectisme éblouissant. Nul autre mieux que Max Ophuls ne sut mettre en valeur les multiples facettes de l'acteur. Dans Lola Montès (1955), le réalisateur lui confia le rôle de Monsieur Loyal, maître de cérémonies, démiurge ironique commentant, dans un cirque américain, la vie de la courtisane.

D'ascendance russe, allemande et française (par sa mère), Peter Ustinovnaquit à Londres le 16 avril 1921 ; ses talents de polyglotte le destinent à devenir le citoyen du monde qu'il évoquera dans ses contes pour enfants. À dix-sept ans, il découvre l'art dramatique et tourne dans quelques productions anglaises, dont Un de nos avions n'est pas rentré du tandem Powell-Pressburger (1941) et La Boîte magique (J. Boulting, 1951), ode à l'inventeur du cinéma où il apparaît déjà en « guest star ». Puis il signe un contrat avec Hollywood et tourne Quo Vadis (M. Le Roy, 1951), où il incarne avec jubilation un Néron pleurnichard et décadent. Parmi ses compositions les plus notables, on peut également citer Le Beau Brummel (C. Bernhardt, 1954) et La Cuisine des anges (M. Curtiz, 1955).

Parallèlement, Peter Ustinov écrit deux pièces de théâtre, qui seront jouées avec succès sur les scènes internationales : L'Amour des quatre colonels, créée à Paris avec Yves Robert et Magali Noël, et Romanoff et Juliette, qu'il adaptera lui-même à l'écran en 1961, avec son épouse française, Suzanne Cloutier. C'est en France également qu'il tourne dans deux de ses films préférés : Les Espions de H. G. Clouzot (1955), et le mémorable Lola Montès.

Aux États-Unis, dans les années 1960, il obtient deux oscars du meilleur second rôle pour Spartacus de Kubrick (1960) et Topkapi de Jules Dassin (1964). Puis il réalise deux films aux ambitions littéraires, Billy Budd (1962), d'après la nouvelle d'Herman Melville, où il interprète le rôle du capitaine Edward Fairfax Vere, et Lady L (1965), d'après Romain Gary, une comédie espiègle avec Sophia Loren et Paul Newman.

En 1968, Peter Ustinov est nommé « ambassadeur de bonne volonté » à l'UNICEF, où son travail en faveur du droit des enfants lui confère une aura particulière dans le monde entier, qu'il parcourt en parfait philanthrope. Il est anobli par la reine Élisabeth II en 1990.

Il poursuit sa carrière à l'écran et trouve un « double » sous les traits du détective Hercule Poirot, qu'il interprète de façon très « suave », au sens anglais du terme – autrement dit, malicieusement perverse. De grandes vedettes l'accompagnent dans son périple, telle Bette Davis dans Mort sur le Nil (J. Guillermin, 1978), ou encore des comédiens shakespeariens comme James Mason et Maggie Smith dans Meurtre au soleil (G. Hamilton, 1981), puis dans Rendez-vous avec la mort (M. Winner, 1987).

Écrivain de talent, humoriste convaincu, jusqu'à la formulation de son épitaphe – « Keep off the grass/ Ne marchez pas sur l'herbe » –, Peter Ustinov n'aura pris au sérieux que son rôle d'ambassadeur-médiateur de causes humanitaires, qu'il se sera efforcé de résoudre avec élégance et discrétion.

— André-Charles COHEN

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification