PÉTRA
Découverte et exploration
Les précurseurs
Avant même que le site ne soit visité pour la première fois, en 1812, par le Suisse J. L. Burckhardt, un explorateur allemand, U. J. Seetzen, avait déjà, quelques années plus tôt, suggéré l'identification du site, dont il avait entendu parler par les Arabes sans pouvoir s'y rendre lui-même, avec la Pétra des auteurs anciens. Le premier témoignage véritable reste cependant celui de Burckhardt, qui tenta sans succès, à cause de l'hostilité des Bédouins, de monter au sommet du jebel Hārūn, un massif qui se dresse au sud-ouest du site proprement dit, où une tradition, qui remonte au moins à l'historien juif Flavius Josèphe, place le tombeau du prophète Aaron, le frère de Moïse. Il traversa le site d'est en ouest, prenant au passage des notes qui figurent dans son Travels in Syria and the Holy Land, paru en 1822, à Londres, car il avait été envoyé en Orient par une institution britannique.
Il fut suivi de près, en 1818, par le voyageur anglais W. J. Bankes, dont les archives ont été découvertes en 1994 dans le château familial et dont le rôle dans l'exploration du site est désormais reconnu. Il était accompagné, entre autres, par deux officiers de la marine britannique, C. Irby et J. Mangles, qui publièrent sous leur propre nom le journal quasi inchangé de Bankes. Pour des raisons qui demeurent obscures, ce dernier ne le publia jamais lui-même. On doit notamment à Bankes le premier dessin de la Khazneh, la première copie de la grande inscription nabatéenne du Turkmāniyyeh, mais aussi des remarques pertinentes sur la céramique nabatéenne, sur les bétyles (pierres dressées) ainsi que sur les méthodes de construction des tombeaux rupestres.
Les premiers Français qui visitèrent Pétra, en 1828, furent Léon de Laborde et Maurice-Adolphe Linant de Bellefonds, dont le nom est également associé au percement du canal de Suez. Ils publièrent à Paris, en 1830, dans un volume in-folio intitulé Voyage de l'Arabie Pétrée, trente-trois dessins commentés qui révélèrent le site aux Occidentaux et contribuèrent à en faire, dès la fin des années 1830, un but de visite. Malgré les difficultés du voyage, explorateurs, officiers, archéologues ou même simples touristes venus du Caire ou de Jérusalem, en majorité anglo-saxons mais aussi allemands et français, s'y donnèrent rendez-vous. On peut citer parmi eux les Américains John Lloyd Stephens – dont la visite de Pétra détermina la vocation d'explorateur des cités mayas – et Edward Robinson, pionnier de l'archéologie biblique, le géographe français Jules de Berthou, le duc de Luynes, auteur d'une étude géographique sur la mer Morte, l'assyriologue anglais Henry Austen Layard... Le site fut également immortalisé par les lithographies du peintre écossais David Roberts, qui y séjourna en 1839.
Des récits de voyage aux inventaires archéologiques
L'exploration véritablement scientifique commença seulement à la fin du siècle, avec l'entreprise monumentale des savants allemands R. E. Brünnow et A. von Domaszewski qui, entre 1896 et 1898, classèrent et inventorièrent les vestiges, surtout les tombeaux, attribuant à chacun un numéro qui reste, encore aujourd'hui, l'unique mode de référence pour 851 monuments. Quelques années plus tard, le directeur de l'Institut archéologique allemand de Jérusalem, G. Dalman, ajouta à ce premier inventaire près de 700 monuments inédits, surtout des sanctuaires, des chambres rupestres à fonction funéraire ou domestique et des citernes. Enfin, une équipe allemande dirigée par T. Wiegand entreprit, fin 1916, d'explorer et de relever, sans les fouiller, les principaux monuments maçonnés du centre urbain.
L'ère des fouilles archéologiques
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Écrit par
- Laïla NEHMÉ : directrice de recherche au CNRS
Classification
Médias
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