Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

PÉTROLE La fin du pétrole : mythes et réalités

Peak oil et changement climatique

Ce détour par l'histoire du pétrole permet de mieux appréhender les déterminants futurs. Pas plus que les deux chocs des années 1970, la récente et forte augmentation des prix du pétrole n'a pour cause l'approche d'une limitation physique définitive de la ressource, au sens où l'entendait le Club de Rome. Elle résulte d'un nouveau déséquilibre entre une demande accrue – et étonnamment non prévue – de la part des grands pays émergents (Inde et Chine), et une offre perturbée par des événements sociopolitiques non maîtrisés (Irak, révoltes au Nigeria, populisme en Amérique latine...), auxquels s'ajoutent divers facteurs techniques. Il n'en est pas moins vrai que le pétrole est, comme les autres énergies fossiles, une ressource finie et que chaque jour de consommation nous rapproche inéluctablement du moment où sa rareté physique constituera une contrainte.

L' industrie pétrolière prévoit ainsi, à l'échelle mondiale, un « pic » de production (peak oil) entre 2020 et 2030. À près de 82 millions de barils par jour en 2006, on imagine que la production pourrait croître jusqu'à un maximum compris, selon les évaluations, entre 90 et 120 millions de barils par jour et plafonner à ce niveau pendant une période dépendant pour une grande part de l'évolution de la demande. Ce peak oil ne correspondra pas à la « fin du pétrole » au sens littéral de cette expression, mais à la fin d'un pétrole abondant et au réel début d'une augmentation du prix déterminée par la rareté croissante de la ressource. Les pétroles dits non conventionnels (huiles lourdes, schistes et sables bitumineux) représentent des réserves considérables, mieux réparties géographiquement que le pétrole classique. Leur contribution est aujourd'hui faible, mais elle devrait croître rapidement et contribuer à augmenter le niveau maximal de la production pétrolière et surtout à le prolonger dans le temps. L'exploitation de ces ressources pose cependant des problèmes environnementaux redoutables en termes de rejets de dioxyde de carbone et d'utilisation d'eau. La solution de ces problèmes aura un coût élevé qui influencera très fortement le coût final du produit et, donc, sa compétitivité. Enfin, le peak-oil devrait être suivi, une vingtaine d'années plus tard, par un peak-gas.

À ce consensus de l'industrie pétrolière vient s'ajouter celui de la communauté scientifique des spécialistes du climat : nous sommes entrés dans l'ère « anthropocène », selon le terme lancé par Paul Crutzen, où l'homme modifie son environnement à l'échelle globale et doit donc maîtriser les modifications qu'il cause, faute de quoi il pourrait en subir des conséquences néfastes. La poursuite des tendances actuelles en matière de production et de consommation énergétiques ne paraît donc pas tenable à l'échelle des vingt ou trente prochaines années et des voies alternatives doivent être d'autant plus sérieusement explorées qu'elles seront sans doute toutes nécessaires pour atteindre des objectifs ambitieux en matière de réduction de gaz à effet de serre sans obérer l'activité économique. Ces voies sont connues : réduction de l'intensité énergétique, nucléaire (où devront être résolus tous les problèmes de sécurité et donc d'acceptabilité), énergies renouvelables, captage et stockage du gaz carbonique émis.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Autres références

  • ALASKA

    • Écrit par et
    • 6 048 mots
    • 10 médias
    ...de croissance explosive ont succédé des temps de stagnation et de reflux. C'est au commerce des fourrures, aux ruées vers l'or, aux dépenses militaires, et enfin à l'exploitation du pétrole que l'on doit ces expansions économiques et démographiques. De 1988 à 2006, l'économie s'est stabilisée et a progressé...
  • ALCANES

    • Écrit par
    • 3 614 mots
    • 11 médias
    Les pétroles sont des mélanges d'un grand nombre d'hydrocarbures, où les alcanes, notamment linéaires, prédominent, et de molécules fonctionnelles en petit nombre. Soumis aux opérations de raffinage, ils sont séparés par distillation fractionnée en coupes contenant des mélanges dont...
  • ALGÉRIE

    • Écrit par , , , et
    • 41 835 mots
    • 25 médias
    Mais les principales richesses du sous-sol algérien sont sans conteste ses gisements de pétrole et de gaz découverts dans les années 1950 dans le Sahara.
  • AMOCO CADIZ MARÉE NOIRE DE L' (16 mars 1978)

    • Écrit par
    • 469 mots

    Le soir du 16 mars 1978, le supertanker Amoco Cadiz s'échoue face au petit port breton de Portsall (Finistère-Nord), libérant, en quinze jours, 223 000 tonnes de pétrole léger et 4 000 tonnes de fioul lourd. Les conséquences en sont lourdes : 300 kilomètres de côtes polluées, entre 19 000...

  • Afficher les 116 références