PEULS, FULBE ou FULANIS
Détermination ethnique
Si l'extension géographique des Peuls est conditionnée par les exigences de leurs troupeaux, on peut dire que ceux-ci constituent aussi un des éléments essentiels dans leur définition en tant que groupe humain. Il ne paraît en effet pas possible de dégager cette définition à partir de critères relevant de l'anthropologie physique. Certes, les Peuls se distinguent fréquemment de leur contexte humain par des traits somatiques particuliers, peut-être imputables à une influence génétique sémite. Mais le teint clair, les cheveux ondés, le front haut, les extrémités et les attaches fines, qui frappent les étrangers et constituent aux yeux mêmes des intéressés le canon de la beauté, sont souvent absents ou bien peu présents chez nombre d'entre eux. Au contraire, la variété des types physiques observables suggère une gamme complexe de métissages anciens et récents différenciant, non seulement les individus à l'intérieur d'une même communauté, mais aussi l'ensemble de celle-ci des autres. Impression confirmée par des recherches récentes, qui ont montré que les ressemblances génétiques mutuelles entre trois populations peules étaient moins grandes que celles qui unissent chacune d'elles à des groupes non peuls, voisins ou géographiquement éloignés.
En revanche, se retrouvent chez tous les Peuls des liens étroits entre la vie des hommes et celle du bétail, lesquels se manifestent à tous les niveaux du comportement et des activités sociales. De ce fait, un groupement accidentellement privé de son cheptel bovin et qui ne peut le reconstituer rapidement se fond très vite dans les populations non peules qui l'entourent, en perdant ses caractères déterminants. Un des plus notables de ceux-ci consiste en la reconnaissance d'un ensemble de valeurs considérées comme fondamentales et formant le pulaaku : discernement (hakkiilo), résignation (munyal), réserve (semteende), qui dictent en toute circonstance l'attitude du Peul. Leur non-observance, toujours sanctionnée par l'opinion publique, voire par un « juge » choisi par tous, peut entraîner chez les nomades l'exclusion du groupe, véritable mort civile. Fréquemment enfin, les communautés peules contraintes de renoncer à l'élevage abandonnent aussi l'usage de leur langue pour adopter celle du milieu où elles viennent se fondre. Sous cet aspect et compte tenu du souci du bien-dire et de l'intérêt que les Peuls portent à leur langue, on peut avancer que celle-ci constitue aussi un trait déterminant, et cela bien que les événements historiques en aient amené la diffusion en dehors des Peuls eux-mêmes et que, passée en certaines régions au stade de langue véhiculaire, elle ne soit plus leur seul apanage.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Pierre Francis LACROIX : professeur à l'Institut national des langues et civilisations orientales de l'université de Paris-III
Classification
Médias
Autres références
-
AFRIQUE (Structure et milieu) - Géographie générale
- Écrit par Roland POURTIER
- 24 465 mots
- 27 médias
...seigneurs du désert, au Mali et au Niger, traduisent le malaise des sociétés nomades. D'autres groupes pasteurs se sont plus facilement adaptés à la modernité. Le grand groupe des Peul (ou Fulani, Fulbé), disséminé depuis la vallée du Sénégal jusqu'au Cameroun, comprend de purs pasteurs, comme les Bororo, qu'un... -
AFRIQUE (Histoire) - De l'entrée dans l'histoire à la période contemporaine
- Écrit par Hubert DESCHAMPS , Jean DEVISSE et Henri MÉDARD
- 9 654 mots
- 6 médias
...dans la boucle du Sénégal et sur les côtes atlantiques. Le Djolof a pris la succession de l'ancien Takrur ; mais il est concurrencé par l'expansion des Peuls, qui gagnent, depuis le Fouta-Toro sénégalais, à la fois le Fouta-Djalon guinéen et la vallée du Niger ; l'expansion des Peuls s'accélère au cours... -
AFRIQUE NOIRE (Culture et société) - Langues
- Écrit par Emilio BONVINI et Maurice HOUIS
- 8 307 mots
- 1 média
...Ouest africain : au Sénégal, le wolof, les parlers sérer, le diola et toutes les langues des minorités de Guinée-Bissau, de Guinée et Sierra Leone . Tous les auteurs sont d'accord pour y joindre le peul. À vrai dire, ce groupe est plutôt géographique que génétique. Aucune étude d'ensemble n'a été... -
AFRIQUE NOIRE (Culture et société) - Littératures
- Écrit par Jean DERIVE , Jean-Louis JOUBERT et Michel LABAN
- 16 566 mots
- 2 médias
...arabes). Mais une fois de plus, ces manuscrits sont plutôt des mémentos offrant des repères historiques datés aux garants patentés de la tradition orale. Dans la culture peule, les manuscrits en ajami concernent surtout la poésie religieuse, donc des textes originellement liés à la culture arabe qui a importé... - Afficher les 24 références