PHAGOCYTES
Seuls seront considérés ici les phagocytes de mammifères. On peut les répartir en deux grands groupes : d'une part, certains leucocytes ou globules blancs du sang ; de l'autre, plusieurs sortes de cellules conjonctives.
Parmi les leucocytes, la place de choix doit être accordée aux polynucléaires, ou microphages de Metchnikoff. Le cytoplasme de ces cellules contient des granulations qu'on appelle, selon leur affinité tinctoriale, neutrophiles, éosinophiles ou basophiles. Les cellules les plus actives sont celles qui renferment des granulations neutrophiles. Le noyau est unique, mais polylobé. Les polynucléaires, placés sur un support solide, par exemple une lame de verre, se déplacent, à la manière des amibes (d'où le nom de mouvement amiboïde qui a été donné à ce mode de déplacement), par émissions et rétractions continuelles de déformations cytoplasmiques, les pseudopodes. En outre, les polynucléaires sont de grands adversaires des microbes. Ils peuvent s'accumuler dans les foyers d'infection. En dégénérant, ils constituent une matière jaunâtre, le pus. Cellules incapables de se diviser, la seule issue pour les polynucléaires est la mort.
En 1924, R. Aschoff a désigné sous le nom de système réticulo-endothélial un ensemble de cellules réparties dans la trame conjonctive, qui ont toutes en commun certaines propriétés fonctionnelles, comme l'aptitude à la coloration vitale, la faculté d'englober des particules étrangères et des microbes, le pouvoir d'emmagasiner le fer libéré par la destruction de l'hémoglobine, etc. Cependant, dans cet ensemble cellulaire, on peut distinguer : des éléments fixes, postés en embuscade le long des vaisseaux ; des cellules libres au repos, surtout nombreuses dans la trame sous-cutanée ; enfin, des cellules libres qui ont une activité particulièrement élevée, les macrophages.
Les éléments fixes sont les cellules endothéliales qui bordent les capillaires des organes hématopoïétiques comme la rate, les ganglions lymphatiques, la moelle osseuse, etc. Sont rattachées le plus souvent à ces éléments les cellules étoilées de Küpffer qui tapissent d'un revêtement très discontinu les nombreux sinusoïdes sanguins du foie.
Les éléments libres au repos ont reçu les dénominations les plus diverses, celles, par exemple, d'histiocytes, de cellules réticulées, de clasmatocytes ou de polyblastes. Dans la trame conjonctive sous-cutanée, on compte un nombre à peu près égal de fibroblastes (cellules qui élaborent le collagène) et d'histiocytes (cellules fusiformes, arborisées).
Les macrophages se trouvent normalement dans les séreuses (plèvre, péritoine) et, en très grande quantité, partout où la trame conjonctive est devenue le siège d'une réaction inflammatoire. Les macrophages sont des cellules de grande taille (75 μ en moyenne), mobiles (bien qu'un peu moins que les polynucléaires) et douées d'un pouvoir phagocytaire fortement accusé. Ils peuvent englober avec la même avidité des microbes et des cellules mortes telles que de vieux globules rouges ou des leucocytes frappés de nécrose.
Il arrive parfois que des macrophages s'unissent en donnant naissance à des cellules géantes. De telles cellules jouent un rôle capital dans l'ossification.
Leur origine reste controversée : ils pourraient soit représenter un état que des cellules diverses (monocytes, histiocytes, fibroblastes...) peuvent assumer, soit être une catégorie spécifique de phagocytes.
En tout cas, on préfère aujourd'hui qualifier cet ensemble par le terme de système phagocytaire mononucléé plutôt que par celui qu'Aschoff avait proposé.
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Écrit par
- Didier LAVERGNE : docteur en médecine
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