PHAGOCYTOSE
Les cellules phagocytaires
Origine
Comme toutes les cellules sanguines, les polynucléaires neutrophiles et les monocytes sont produits dans les tissus hématopoïétiques et libérés dans la circulation au terme de toute une série d'étapes de détermination, prolifération, différenciation et maturation qui sont elles-mêmes sous le contrôle de divers facteurs.
Dans la moelle osseuse, la lignée qui engendrera les polynucléaires sanguins, encore appelée « lignée granulocytaire », et la « lignée monocyto-macrophagique » sont issues d'un précurseur commun dont la détermination à partir de la cellule souche dépend d'un facteur, le GM- CSF (granulocyte-monocyte colony stimulating factor).
Les cellules orientées vers la lignée granulocytaire se différencient sous l'influence d'un facteur particulier, ou G-CSF, en myéloblastes dont la maturation aboutit aux promyélocytes, myélocytes, métamyélocytes, granulocytes non segmentés et polynucléaires neutrophiles dont une partie est mise en réserve, et l'autre passe dans le sang.
Les cellules orientées vers la lignée monocyto-macrophagique se différencient sous l'influence d'un autre facteur, le M-CSF, en monoblastes, promonocytes, puis en monocytes.
Au cours de ces diverses étapes de différenciation, les cellules phagocytaires acquièrent séquentiellement les organites, les constituants cytoplasmiques, et les structures membranaires indispensables à leurs fonctions effectrices de phagocytose et de destruction des germes ou « bactéricidie ».
Au terme de leur maturation, les polynucléaires neutrophiles quittent la moelle osseuse et se répartissent dans le sang en deux secteurs : l'un dit marginé, où ils adhèrent à la paroi des vaisseaux ; l'autre dit circulant, où ils peuvent être dénombrés (de 2 000 à 7 500 par mm3, soit 60 ou 70 p. 100 des leucocytes sanguins). Leur durée de vie est brève (de 10 à 12 heures), la disparition des cellules adultes se faisant principalement par destruction dans les tissus et par élimination intestinale.
L'augmentation du nombre absolu des polynucléaires neutrophiles au-delà des limites physiologiques (> 8 000 par mm3) est appelée polynucléose. Elle relève de deux mécanismes physiopathologiques : l'infection d'origine bactérienne et la réaction inflammatoire. Elle peut également être induite par certaines drogues telles que les corticoïdes qui déclenchent le passage des cellules de la moelle dans le sang circulant ou l'adrénaline qui mobilise les cellules du secteur marginé. À l'inverse, une diminution significative (< 500 par mm3) des polynucléaires neutrophiles, ou neutropénie, peut être observée au cours de certaines infections virales, d'intoxications médicamenteuses, ou dans les suites de certains traitements (chimiothérapie et/ou radiothérapie). Dans ces cas-là, la pratique d'un myélogramme permet de déterminer l'origine centrale ou périphérique de la neutropénie.
Les monocytes qui quittent le secteur médullaire ne restent dans le sang que deux ou trois jours. Dans les tissus, ils se différencient en macrophages et, selon leur localisation, sont désignés sous divers noms : cellules de Küpffer dans le foie ; macrophages alvéolaires dans les poumons ; cellules de Langerhans dans le tissu sous-cutané ; histiocytes dans le tissu conjonctif ; cellules de la microglie dans le système nerveux ; macrophages spléniques (libres ou résidents) dans la rate ; macrophages des séreuses dans la plèvre et le péritoine.
La durée de vie moyenne des macrophages tissulaires est longue, pouvant atteindre un ou deux mois ; les macrophages des réactions inflammatoires meurent in situ ou se transforment en cellules épithélioïdes et en cellules géantes multinucléées.
Dans le sang, une augmentation du nombre des monocytes au-delà des limites physiologiques[...]
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Écrit par
- Béatrice DESCAMPS-LATSCHA : docteur en médecine, docteur ès sciences, directeur de recherche à l'I.N.S.E.R.M.
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