PHAÏSTOS
Construit sur une hauteur, le palais de Phaïstos domine en Crète la grande plaine de la Messara ; flanquée du mont Ida au nord et des sommets du Lassithi à l'est, la plaine ouvre sur la mer à l'ouest où la baie de Matala abritait un port.
Fouillé régulièrement depuis 1900 par des archéologues italiens, le site révèle, comme à Cnossos, deux palais superposés, mais les vestiges de la première période, qu'il faut subdiviser en trois phases, y sont plus clairement visibles. Comme à Cnossos aussi, le premier palais est implanté sur un ancien établissement néolithique. Il s'organise autour de la cour centrale qui en est le principal élément. Les trois phases qui le caractérisent s'expliquent par des incendies ou par des séismes qui ont entraîné une reconstruction partielle et un certain remaniement du plan originel. Bâti sur plusieurs niveaux utilisant les pentes naturelles et reliés entre eux par un jeu d'escaliers, l'édifice présente une répartition des activités par quartiers (certains de ces derniers sont encore repérables).
Pour cette première période, la partie sud-est ayant aujourd'hui disparu à la suite de violents glissements de terrain, c'est surtout au sud-ouest de la cour centrale qu'on a relevé les traces de structures : propylées monumentaux, mur à redans typiquement minoens, grande salle avec banquette ou foyer, petit sanctuaire comprenant une fosse pour les sacrifices, magasins. La cour ouest, en contrebas du grand escalier d'accès et des huit degrés servant de gradins, devait se transformer en lieu de spectacles. Plus tard s'étendaient au nord les appartements privés. C'est là que fut exhumé le disque gravé de signes hiéroglyphiques, aujourd'hui conservé au musée d'Héraklion.
Au Bronze récent, on reconstruit le palais détruit par une catastrophe naturelle (vers ~ 1700-1600). À l'ouest, il semble que l'on ait repoussé les bâtiments en arrière des façades primitives. Une importante zone consacrée à l'entrepôt des denrées s'étend entre les grandes entrées (celle du nord comporte un système monumental élaboré et ouvre sur une salle d'apparat avec colonnes intérieures). La cour centrale est dotée de portiques à colonnes ou à piliers qui se font face à l'ouest et à l'est.
Au nord et au nord-est, les appartements royaux occupent une surface qui est proportionnellement plus étendue qu'à Cnossos. Le polythyron — ou appartement — de la reine présente un plan tripartite à baies multiples, avec colonnes et puits de lumière ; à l'étage devait se situer la chambre. Beaucoup plus développé, le polythyron du roi est aussi éclairé par un puits de lumière. Il regroupe plusieurs salles, dont l'une sert au bain lustral et comporte une galerie avec colonnade au nord. Cette partie d'habitation privée ouvre sur une grande salle péristyle.
Par son orientation, par l'organisation harmonieuse du plan (qui multiplie les ensembles de type polythyron) et par l'utilisation de la cour à péristyle, le palais de Phaïstos possède un aspect plus résidentiel que celui de Cnossos. Cette différence apparaît aussi dans la finition des constructions et la qualité des matériaux employés.
Détruit vers ~ 1400 comme tous les palais crétois, Phaïstos ne fut cependant pas abandonné. La présence de bâtiments datés des périodes submycénienne et géométrique, d'un temple protohellénique ainsi que le maintien d'un groupement urbain depuis le Minoen moyen jusqu'à l'époque hellénistique prouvent qu'une certaine activité a continué sur le site longtemps après la disparition du palais. Au ~ iie siècle, à la suite du sac de la ville et de l'annexion de son territoire par sa voisine, Gortyne, la vie s'arrête presque définitivement à Phaïstos. Une ferme isolée et quelques tombes peuvent être datées[...]
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Écrit par
- Martine Hélène FOURMONT
: archéologue, rédacteur en chef de la
Revue archéologique , ingénieur du C.N.R.S., Institut de recherche sur l'architecture antique, Centre de documentation photographique et photogrammétrique
Classification
Média
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