PHÉNICIENS
L'alphabet et la littérature
Aux écritures alors courantes (hiéroglyphique égyptien et cunéiforme babylonien d'une part, linéaire B mycénien de l'autre), toutes fondées sur des symboles schématisés et un système syllabique exigeant un grand nombre de signes, les Phéniciens eurent l'adresse technique de substituer une écriture aux signes simplifiés, et surtout alphabétique (vingt-deux signes seulement) et consonantique (seules les consonnes sont représentées, comme dans l'hébreu). Cette réussite est le fruit d'un long travail et de nombreux essais isolés, dont les faibles traces sont difficiles à interpréter. Vers 1800 apparaissent dans le Sinaï central et à Byblos des signes pseudo-hiéroglyphiques, transcrivant un dialecte cananéen, mais sous une forme non alphabétique ; à Ougarit, depuis le xive siècle, les scribes de la chancellerie mettent au point une écriture alphabétique de trente-deux signes, mais en cunéiformes apparentés aux « clous » suméro-accadiens ; ce système ne survécut point à la ruine de la cité. À partir du xe siècle, l'alphabet semble définitivement constitué, à Byblos probablement, où le sarcophage d'Ahiram porte le premier texte cursif, parfaitement clair, en phénicien classique : résultat d'une longue évolution, inconnue encore. Diffusé d'abord à Chypre, il devint pratiquement universel au viiie siècle, quand il fut adopté par les Grecs, qui lui ajoutèrent les signes vocaliques, et enfin par le monde oriental, où se répandait l'araméen.
Les textes d'Ougarit appartiennent à trois catégories : textes diplomatiques et traités, documents juridiques se rapportant surtout à des transactions commerciales et au droit privé ou pénal, dérivé du droit babylonien mais plus libéral, et enfin textes littéraires, d'inspiration religieuse. Ce sont les mythes, mis en forme de poèmes épiques, dont l'interprétation est difficile : mythe de Mot et Aliyan, poème d'Aqat et de Danel, épopée du roi Kéret, assez obscure, poème de l'Aurore et du Crépuscule. Comme toujours dans l'Orient ancien, les poèmes sont en quelque sorte le livret de drames rituels, représentés lors des fêtes, et ils doivent être interprétés comme l'expression directe de la vie religieuse.
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Écrit par
- Hélène BENICHOU-SAFAR : docteur en archéologie, membre du groupe de recherche 989 du C.N.R.S.
- Paul PETIT : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Grenoble
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