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PHÉNOMÉNOLOGIE DE LA PERCEPTION, Maurice Merleau-Ponty Fiche de lecture

Éloge de la philosophie

La démarche philosophique ne peut-elle être que seconde, à la fois par rapport aux sciences, et dans son obsession d'un dualisme qu'elle prétend dépasser ? En quoi peut-elle elle-même s'instituer comme discours de vérité ? La Phénoménologie de la perception repoussait devant soi la question de « l'origine de la vérité ». Revenant sur la « foi primordiale » qui est toujours en amont de toute « croyance » philosophique (que ce soit celle en un « monde en soi » ou celle en un « esprit absolu »), Merleau-Ponty en vient à se demander si la spécificité de la philosophie, plutôt que d'élaborer une phénoménologie qui maintiendrait le primat du sujet, ne serait pas de maintenir une puissance d'étonnement. Dans ses notes posthumes (Le Visible et l'Invisible), l'espace et le temps apparaissent comme des « êtres à interroger », inépuisablement, et « l'interrogation comme rapport ultime à l'Être et comme organe ontologique ». Dans l'œuvre en cours, la discussion s'engageait non plus seulement avec les sciences mais aussi avec d'autres modèles de rationalité tels que la dialectique (à travers Hegel et surtout Sartre), la phénoménologie elle-même et les pensées de l'intuition (à travers Bergson).

Il s'agit moins de dépasser la dualité corps-monde que de décrire ce que Merleau-Ponty appelle « l'entrelacs – le chiasme » : une « dimension » que cherchent à traduire les notions de « visible » (de préférence à « monde ») et de « chair » (de préférence à « corps »), ou encore de « parole », nouveau lieu d'une recherche que son auteur n'a pu continuer, mais que d'autres reprendront après lui, dans la même postérité critique de Husserl ; ainsi, en France, Michel Henry, Françoise Dastur ou, à sa façon, Jacques Derrida dans La Voix et le phénomène (1967).

— François TRÉMOLIÈRES

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Maurice Merleau-Ponty - crédits : AFP

Maurice Merleau-Ponty

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