PHÉNOTYPE
Les croisements entre individus d'une même espèce engendrent toujours des êtres de cette espèce : les caractères spécifiques, c'est-à-dire ceux qui permettent de reconnaître qu'un individu appartient à une certaine espèce, sont donc héréditaires. De même, à l'intérieur d'une espèce, les individus apparentés se ressemblent plus entre eux que des individus quelconques : les différences, même minimes, qui définissent la variation intraspécifique sont, au moins en partie, transmises des parents aux enfants.
Le fait que ces caractères (et leurs variations de détail) soient transmissibles d'une génération à la suivante constitue l'hérédité.
L'hérédité fut pendant très longtemps un phénomène mystérieux, et ce n'est qu'au xixe siècle, et surtout au début du xxe, que l'on s'est rendu compte qu'elle obéit à des lois dont certaines, à la fois très simples et très générales, sont maintenant connues sous le nom de « lois de Mendel » : ainsi a pris naissance une discipline scientifique entièrement consacrée à l'étude de l'hérédité, la génétique.
Les lois de l'hérédité sont des conséquences de l'organisation cellulaire des êtres vivants : dans chacune de leurs cellules existent des structures qui en constituent le matériel génétique, dont la substance fondamentale est l'acide désoxyribonucléique (ADN) porté par les chromosomes. Le matériel génétique chromosomique consiste en un nombre élevé d'unités ou gènes qui collaborent, selon des modalités très variables, à la réalisation des caractères héréditaires. L'hérédité est donc une propriété cellulaire.
Le matériel génétique chromosomique, transmis par les gamètes lors de la fécondation, et constituant le génotype est responsable d'une forme d'hérédité appelée « hérédité mendélienne ». Celle-ci ne peut expliquer tous les phénomènes héréditaires, et c'est pourquoi on admet qu'il existe aussi une hérédité non mendélienne, ou extra-chromosomique, conséquence en particulier de la présence d'ADN dans d'autres organites cellulaires (plastes, mitochondries) ; des exemples classiques en sont fournis par certains cas de panachure chez des plantes vertes.
Les chromosomes ou les facteurs héréditaires cytoplasmiques n'apportent cependant que des potentialités héréditaires ; la description d'un individu, variable avec l'âge et l'environnement, ne peut en aucun cas être réduite à une pure et simple juxtaposition de caractères héréditaires dont chacun résulterait de l'activité d'un seul gène. Cette description, à tous points de vue (anatomique, physiologique, psychique), constitue le phénotype de l'individu. La réalisation du phénotype est le fait d'une coopération entre tous les gènes chromosomiques, le matériel génétique extra-chromosomique et le milieu dans lequel se trouve l'organisme. Il faut souligner l'importance que les épigénétistes accordent aux interactions constantes du milieu et des organismes, en particulier dans l'étude des caractères psychiques pour lesquels il est plus difficile de déterminer ce qui revient à l'hérédité et à l'éducation, à l'inné et à l'acquis.
Tous ces phénomènes apportent des complications aux lois de l'hérédité ; en particulier, le déterminisme génétique des caractères quantitatifs ne peut être étudié qu'au prix d'un lourd appareil mathématique.
Transmission des caractères héréditaires
Hérédité mendélienne
Puisque la majeure partie des caractères héréditaires dépend du matériel génétique chromosomique, il faut considérer comme un fait fondamental de l'hérédité la transmission de l'information génétique d'une cellule à ses descendantes au cours des divisions cellulaires (mitose ou[...]
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Écrit par
- Jean GÉNERMONT : professeur à l'université de Paris-Sud, Orsay
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Média
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