PHILADELPHIA INTERNATIONAL RECORDS
Le « son » développé à Philadelphie dans les années 1970 se trouvait à mi-chemin entre la soul de Memphis et le disco international, d'une part, et, d'autre part, entre la pop de Detroit et le mouvement Hi-NRG (« haute énergie », dance music ultrarapide devenue populaire dans les clubs gay durant les années 1980). Label phare de cette époque, Philadelphia International Records se distingue par un son mêlant fort à propos le timbre des cymbales charleston et des cordes, sur un fond de message social et de plaintes venues du fond de l'âme. Cette firme afro-américaine est fondée par deux auteurs-producteurs rescapés du déclin qui frappe l'industrie musicale de Philadelphie durant les années 1960 : Kenny Gamble, originaire de Philadelphie, et Leon Huff, natif du New Jersey. Les deux hommes sont secondés par Linda Creed, chanteuse devenue auteur, et par Thom Bell, auteur et arrangeur qui avait contribué à définir le son du groupe Delfonics chez l'autre grand label de la ville, Philly Groove Records. Ensemble, ils inventent un nouveau genre de soul pop, qui peut sembler rebattu quand on l'analyse mais qui connut un immense succès sur les pistes de danse. Mettant à profit les talents rythmiques des musiciens de studio de chez Sigma, qui connaissent également un succès personnel sous le nom de MFSB (Mother Father Sister Brother), le style musical élaboré par Philadelphia International repose sur des orchestrations inhabituelles, utilisant le cor d'harmonie, par exemple.
Me and Mrs. Jones (1972), récit voilé d'une aventure, lança la carrière de Billy Paul, chanteur de ballades se produisant dans les boîtes de nuit. Après avoir passé près de vingt ans dans l'industrie du disque, Harold Melvin & The Bluenotes accèdent au rang de stars, tandis que le chanteur du groupe, Teddy Pendergrass, devient le sex symbol type des années 1970. Après dix ans de carrière, The O'Jays se hissèrent eux aussi dans les dix premières places du hit-parade américain avec Back Stabbers (1972) et Love Train (1973), deux titres au message social volontairement naïf. Gamble et Huff donnent alors le ton au mouvement disco – The Best Disco in Town (1976) de Ritchie Family et YMCA (1978) des Village People seront ainsi enregistrés dans les studios de Sigma. Le dernier grand tube de Philadelphia International Records, le désormais classique Ain't No Stoppin' Us Now (1979), interprété par (Gene) McFadden et (John) Whitehead, sort lorsque la dance music connaît l'une de ses épisodiques périodes de schisme entre courant afro-américain et courant blanc. Quelques années plus tard, Daryl Hall et John Oates – enfants chéris de la soul de Philadelphie – allaient ajouter à leurs paroles de rhythm and blues traditionnel les nouveaux rythmes noirs du hip-hop.
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Écrit par
- Peter SILVERTON : auteur
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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