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DELORME PHILIBERT (1514-1570)

Delorme – dont on orthographie le nom de plusieurs façons et souvent de l'Orme, à l'exemple de Philibert lui-même – a spectaculairement occupé le devant de la scène de son vivant ; mort, il n'a cessé d'accaparer les esprits. La trajectoire de sa fortune critique – encore mal étudiée – indique clairement la place de cet artiste puissant dans l'histoire de l'architecture française. Pour Fréart de Chambray (1650), « le bonhomme n'estoit pas dessignateur » et « son stile est tellement embrouillé qu'il est souvent difficile de comprendre son intention ». Cependant, l'âge classique, si critique à son égard, ne peut faire abstraction de sa pensée théorique et de sa science de constructeur. Tandis qu'on démolit l'escalier des Tuileries (en 1664) et le château de Saint-Léger (en 1668), l'Académie, quoique hostile à la « manière mesquine » de l'architecte, à ses « vilains ornements gothiques » (F. Blondel, Cours, t. IV, 1683), à ses transgressions de la règle du grand goût, n'en consacre pas moins plusieurs séances à la lecture de ses deux traités, les Nouvelles Inventions pour bien bastir et à petits fraiz (1561) et le Premier Tome de l'architecture (1567). Puis vient le temps de l'historiographie qui oblige à nuancer les jugements. En 1787, Dezallier d'Argenville, reconnaissant à Delorme le mérite d'avoir abandonné les « habillements gothiques pour [faire] revêtir [à l'architecture française] ceux de l'ancienne Grèce », publie la première biographie un peu développée de Philibert, esquisse un catalogue de l'œuvre qui sera précisé par les érudits du xixe siècle. La découverte en 1854 de l'Instruction par L. Delisle, sa publication en 1860 par A. Berty est un événement. Plaidoyer pathétique rédigé entre 1559 et 1562 quand, professionnellement foudroyé par la mort du roi, talonné par ses ennemis, Delorme prépare sa défense, ce document capital énumère dans le détail ce que l'architecte a bâti et projeté. Les découvertes d'archives se multiplient, mais, dépourvus d'outils pour restituer et analyser des édifices presque entièrement ruinés, les « archéologues » piétinent : les publications qui s'accumulent (une vingtaine d'articles et d'ouvrages autour de 1890) célèbrent de façon un peu équivoque une gloire nationale sans que soient établies clairement la valeur et la place de l'artiste. Au début du xxe siècle, une nouvelle génération d'historiens, fondant leurs travaux sur une méthode critique, dressent enfin un portrait précis de Philibert. Le travail rigoureux et vivant de H. Clouzot (1910) est encore aujourd'hui la meilleure introduction à l'œuvre de Delorme. A.  Blunt (1958), fort d'une égale connaissance de la France et de l'Italie du xvie siècle, élargit les perspectives et indique de nouvelles voies de recherche, suivies aujourd'hui avec profit. En effet, portées par un courant scientifique cohérent qui a mis depuis dix ans l'accent sur l'architecture française du xvie siècle, les études delormiennes se sont nettement développées. S'aidant d'une instrumentation diversifiée : l'archivistique, l'archéologie, la critique des sources littéraires et graphiques, l'astrologie même, s'appuyant sur l'analyse fine des bâtiments, les historiens commencent à mieux comprendre l'œuvre de Delorme.

Une carrière exceptionnelle

Chenonceau - crédits : A&G Reporter/ AGF/ Universal Images Group/ Getty Images

Chenonceau

La biographie de Delorme, établie depuis longtemps, a été ponctuellement – mais utilement – retouchée. Jusqu'ici toujours incertains, les termes de la vie de Philibert sont désormais fixés : né à Lyon entre le 3 et le 9 juin 1514, Delorme meurt à Paris le 8 janvier 1570. Le thème astral de l'architecte – gémeaux ascendants Mercure et Vénus[...]

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Chenonceau - crédits : A&G Reporter/ AGF/ Universal Images Group/ Getty Images

Chenonceau

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Nouvelle sacristie, Saint-Laurent , Florence

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