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RAVENHILL PHILIP L. (1945-1997)

Anthropologue et historien des arts de l'Afrique noire, spécialiste de la Côte-d'Ivoire centrale, Philip L. Ravenhill était également expert en matière de muséologie. À sa mort, il occupait depuis dix ans à Washington le poste de conservateur en chef au National Museum of African Art-Smithsonian Institution, seul musée au monde exclusivement consacré aux arts de toute l'Afrique noire.

En 1968, Ravenhill obtient son bachelor's degree of arts en philosophie (Nyack College, New York), puis, étudiant en anthropologie à la Graduate Faculty, New School for Social Research (New York), il devient titulaire en 1970 d'un master's degree of arts. En 1976, après avoir passé quatre ans sur le terrain chez les Wan (Côte-d'Ivoire), il obtient, toujours en anthropologie, son Ph. D. De 1976 à 1982, Philip L. Ravenhill réalise des enquêtes sur les relations historiques et artistiques existant entre les cultures wan, baoulé, gouro et malinké de Côte-d'Ivoire. Entre 1978 et 1982, il est chargé de recherche à l'Institut d'histoire d'art et d'archéologie africaine de l'université d'Abidjan, puis, jusqu'en 1987, directeur du West African Museums Project. À Washington, il a joué un rôle essentiel dans le développement du National Museum of African Art (N.M.Af.A.), notamment en élaborant maintes expositions et en favorisant l'entrée dans les collections d'un très grand nombre d'œuvres (628 pièces rejoignirent le musée entre 1987 et 1997). En septembre 1997, peu avant sa mort brutale, il venait d'inaugurer Gifts to the National Collection of African Art, manifestation célébrant le dixième anniversaire de l'ouverture du N.M.Af.A. sur son nouveau site du Mall. Bien connu des collectionneurs et de tous ceux qui travaillaient à la mise en valeur, à l'étude et à la protection du patrimoine artistique africain, Philip L. Ravenhill nourrissait depuis quelque temps une réflexion particulièrement fine et avisée sur l'épineux problème posé par le départ illicite des œuvres archéologiques exhumées de nos jours en Afrique noire.

Il a publié un article magistral sur la tradition des masques wan du goli, ensemble de masques jouant un rôle déterminant dans les cérémonies funéraires (paru en version française sous le titre « Un triptyque africain : de l'interprétation des trois parties et du tout », in Arts d'Afrique noire, no 83, 1992). On lui doit également un article sur le thème de l'éléphant et du pouvoir dans les arts ivoiriens (in D. H. Ross dir., Elephant : the Animal and its Ivory in African Culture, U.C.L.A. Fowler Museum of Cultural History, 1992) ; il avait publié récemment un ouvrage intitulé Dreams and Reverie, Images of other World Mates among the Baule, West Africa (Smithsonian Institution Press, Washington et Londres, 1996). Il avait aussi rédigé plusieurs entrées de l'imposant Dictionary of Art (34 volumes édités en 1996 par Grove's Dictionary, Londres).

Fidèle à l'empirisme anglo-saxon, ardent défenseur des esthétiques africaines, Philip L. Ravenhill avait développé dans ses écrits et dans ses innombrables contributions lors de colloques internationaux, une conception interethnique ou relativiste des cultures, prolongeant celles qui avaient été engagées autrefois par Franz Boas puis par Claude Lévi-Strauss. Battant en brèche la perception ethnique figée des cultures subsahariennes héritée de la colonisation, cette approche constituait selon lui un principe fondamental sans lequel il était impossible de comprendre la dimension historique des sociétés africaines, notamment pour ce qui concerne leurs arts.

Toujours informé des moindres mouvements de la recherche, il prenait par ailleurs souvent le temps, entre une mission au sud du Sahara, le montage d'une exposition à Washington ou une réunion de travail[...]

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Écrit par

  • : docteur en arts et sciences de l'art, université de Paris-I, historien de l'art

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