LANGRIDGE PHILIP (1939-2010)
Considéré comme l'un des meilleurs chanteurs-acteurs de son époque, le ténor anglais Philip Langridge fut l'un des représentants marquants d'une génération qui a fait tomber les frontières entre les différents répertoires : aussi à l'aise dans le répertoire traditionnel que dans la musique baroque, il a aussi été le champion de la musique britannique de son temps.
Philip Gordon Langridge voit le jour à Hawkhurst, dans le Kent, le 16 décembre 1939, et accomplit ses études musicales à Londres, à la prestigieuse Royal Academy of Music, où il travaille le violon jusqu'en 1958. Puis il se tourne vers le chant, qu'il étudie avec Bruce Boyce et Celia Bizoni. Sa carrière commence en 1962. Il fait ses débuts au festival de Glyndebourne deux ans plus tard, dans le petit rôle d'un valet de Capriccio de Richard Strauss. Sur cette même scène, il incarne ensuite Don Ottavio (Don Giovanni de Mozart), Florestan (Fidelio de Beethoven) et Laca (Jenůfa de Janáček). En 1970, il chante au festival d'Édimbourg puis fait en 1973 des débuts remarqués au festival de Hollande, dans Il Borgomastro di Saardam de Donizetti. En 1976, il chante Don Ottavio au festival d'Aix-en-Provence.
Sa carrière prend une autre dimension dans les années 1980, lorsqu'il devient un habitué de Covent Garden avec des débuts, en 1983, dans Le Rossignol (rôle du Pêcheur) de Stravinski et L'Enfant et les sortilèges (la Théière) de Ravel. Il y revient pour incarner Chouïski (Boris Godounov de Moussorgski) la même année, puis Laca, les rôles-titres d'Idomeneo de Mozart et de Peter Grimes de Britten en 1989, Aschenbach (Death in Venice de Britten) en 1992, Loge (L'Or du Rhin de Wagner) et Jupiter (Semele de Haendel) en 1996, le rôle-titre de Palestrina de Pfitzner en 2001. L'année 1985 est celle de ses débuts à la Scala de Milan, dans Endimione (Orfeo de Luigi Rossi), et au Metropolitan Opera de New York, dans Ferrando (Così fan tutte de Mozart). Il revient à la Scala en 1989, pour Oberon de Weber, au Met en 1993, dans Loge. Le festival de Salzbourg l'invite en 1987 pour Moïse et Aaron de Schönberg, puis pour Le Couronnement de Poppée de Monteverdi (sous la direction de Nikolaus Harnoncourt), Idomeneo, De la maison des morts (Janáček) et un légendaire Boris Godounov sous la direction de Claudio Abbado en 1994. À l'Opéra néerlandais d'Amsterdam, il incarne le Pelléas de Debussy dans une mise en scène de Peter Sellars. Au Saito Kinen Festival (Japon), sous la direction de Seiji Ozawa, puis au Châtelet (1996), il chante Œdipus Rex de Stravinski. Il paraît sur toutes les grandes scènes britanniques, à Francfort, Zurich, Munich, à l'Opéra de Paris (Billy Budd de Britten en 2001). Au fil des années, il reprend tous les rôles de ténor des opéras de Britten et s'impose comme le grand successeur de Peter Pears. Janáček est un autre axe important de sa carrière. Il participe à la création des opéras de Harrison BirtwistleThe Mask of Orpheus (rôle-titre) à l'English National Opera en 1986, The Second Mrs Kong avec le Glyndebourne Touring Opera en 1994 et The Minotaur (rôle de Hiereus) à Covent Garden en 2008. Le compositeur écrit à son intention une courte mélodie, From Vanitas, qu'il crée en 2009. En 2004, à Covent Garden, il incarne Alonso à la création de l'opéra de Thomas Adès The Tempest. Au concert, Langridge chante aussi bien l'oratorio, de Bach à Elgar, que le lied. Son répertoire va de Monteverdi et Rameau à Tippett, Bennett, Goehr ou Holliger. Pour ses dernières apparitions sur scène en 2009-2010, tout en luttant contre un cancer, il incarne le triple rôle Prince/Valet/Marquis dans Lulu de Berg à Covent Garden et celui de la Sorcière dans Hänsel et Gretel de Humperdinck au Met. Il meurt à Londres, le 5 mars 2010.
Philip Langridge était autant un chanteur qu'un musicien[...]
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Écrit par
- Alain PÂRIS : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France
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