SIDNEY PHILIP (1554-1586)
« Le plus accompli gentilhomme d'Angleterre » aux yeux de ses contemporains, humaniste et champion de la cause protestante, Européen de culture et héros national, il donne à la Renaissance anglaise son épopée romanesque en prose, The Arcadia, dont l'épopée de Spenser est le pendant poétique. Il crée un style qui supplante l' euphuisme. Ses sonnets répandent le pétrarquisme mais ouvrent la voie à la poésie dramatique et « métaphysique ».
Un poète combattant
Fils de sir Henry, qui fut le zélé serviteur de trois souverains et trois fois gouverneur d'Irlande, Dudley par sa mère, lady Mary, et neveu du comte de Leicester, favori de la reine, Philip grandit dans le manoir de Penshurst que Jonson célébrera. Élève, comme Shakespeare, d'une grammar school, il s'y lie d'amitié avec Fulke Greville, grand seigneur protestant et poète, qui sera son premier biographe. À Oxford, où il entre en 1568, il s'intéresse à Aristote. Déjà s'affirme le sérieux profond d'un naturel mélancolique. De 1572 à 1575 il prolonge sur le Continent ce « grand tour » qui formait les jeunes Anglais de condition : il n'en revient point italianisé, comme son rival le comte d'Oxford, mais ardent défenseur du protestantisme.
Témoin de la Saint-Barthélemy, il prend pour ami et conseiller l'austère diplomate huguenot Hubert Languet : les lettres échangées éclairent sa personnalité, révèlent son intérêt pour les sciences comme pour les arts. Il défend la politique de son père dans A Discourse on Irish Affairs (1577). Envoyé en mission diplomatique sur le Continent, il séduit Guillaume d'Orange et tente de former une ligue protestante. Mais Élisabeth n'apprécie point la lettre qu'il lui adresse en 1580 pour la dissuader d'épouser le duc d'Anjou. Elle ne lui confie plus de charge pendant plusieurs années, qu'il consacre aux lettres, en compagnie de sa sœur, la comtesse de Pembroke. Il courtise Pénélope Devereux, la Stella des sonnets ; épouse, en 1583, Frances Walsingham, fille du secrétaire d'État. En 1585, la reine fait appel à lui contre les Espagnols dans les Pays-Bas. À Zutphen, mortellement atteint, il abandonne à un blessé, dans un dernier geste chevaleresque, la coupe qu'on lui tendait. Parmi les deux cents élégies consacrées au héros poète figure l'Astrophel de Spenser.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Robert ELLRODT : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
Classification
Autres références
-
ÉLISABÉTHAIN THÉÂTRE
- Écrit par Henri FLUCHÈRE
- 10 600 mots
- 2 médias
...frères, Ferrex et Porrex, dans une Angleterre de légende. On pourrait songer à la rivalité de Polynice et d'Étéocle dans Les Phéniciennes de Sénèque. Sir Philip Sidney (1554-1586), poète et critique d'une grande distinction, en fait l'éloge dans sa célèbre Défense de la poésie (écrite en...