AGHION PHILIPPE (1956- )

Un théoricien de la croissance endogène

À la fin des années 1980, Philippe Aghion entame une prestigieuse carrière universitaire. Il est professeur assistant au Massachusetts Institute of Technology (MIT) de 1987 à 1989, chargé de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) de 1989 à 1990, puis, durant deux ans, adjoint au chef économiste de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). De 1992 à 1996, il est fellowau Nuffield Collegede l’université d’Oxford puis rejoint l’University College London (UCL) en qualité de professeur. Il sera également, plus tard, professeur à la London School of Economics et à l’Institut européen d'administration des affaires (Insead).

La consécration académique arrive véritablement au tournant des années 2000, lorsqu’il est nommé professeur d’économie à l’université Harvard. À cette époque, ses travaux engagés une décennie plus tôt avec l’économiste canadien Peter Howitt sur l’importance de l’innovation dans la croissance économique sont particulièrement remarqués. Dépassant les théories traditionnelles, qui relient la création de richesse à l’accumulation du capital sans véritablement expliquer les gains de productivité, les auteurs posent un nouveau paradigme de « croissance endogène » où les idées et inventions jouent un rôle fondamental.

Fort de sa notoriété, Philippe Aghion décide de participer au débat public français. Ses analyses sont d’autant plus écoutées qu’elles paraissent hétérodoxes pour un intellectuel de gauche. S’inspirant de la réussite de pays scandinaves tels que la Suède, l’économiste promeut les réformes structurelles, la flexisécurité, une taxation légère du capital et la concurrence. Dans un rapport de 2006 du Conseil d’analyse économique (CAE), coécrit avec Élie Cohen et Jean Pisani-Ferry, il identifie le manque d’innovation comme un obstacle majeur à la croissance européenne.