APELOIG PHILIPPE (1962- )
Philippe Apeloig, né en 1962 à Paris, est un des auteurs les plus remarquables dans le domaine du graphisme en France. C'est également un typographe de premier plan : ses caractères qui contribuent à singulariser ses créations – affiches ou identités visuelles – sont désormais diffusés à l’échelle mondiale. Il répond pour l'essentiel à des commandes provenant d'institutions culturelles, mais œuvre également pour des entreprises, comme la maison d’orfèvrerie Puiforcat ou le groupe immobilier Icade.
Attirer et communiquer
Philippe Apeloig passe son enfance à Vitry, en banlieue parisienne, et découvre la peinture, la danse et le théâtre à travers les cours municipaux qu’il suit assidûment pendant plusieurs années ; il envisage à cette époque d'être chorégraphe. Il intègre l’école supérieure des Arts appliqués de la rue Duperré à Paris, où il se passionne pour la calligraphie et le dessin de la lettre. Il parfait sa formation à l'École nationale supérieure des arts décoratifs (E.N.S.A.D.). Il bénéficie de deux stages au sein du studio Total Design, à Amsterdam, en 1983 et 1985, qui lui font comprendre la place exacte de la typographie dans la pratique du graphisme. Sa participation à l’atelier d’April Geiman à Los Angeles, en 1988, lui donne accès à la création sur logiciel, alors quasi inconnue en France.
En 1989, Philippe Apeloig fonde son propre studio à Paris et devient directeur artistique du magazine Jardin des modes. Par ailleurs, son goût pour le spectacle vivant – théâtre et danse – ne cesse de s’affirmer. L’interprétation du texte par l’intervention graphique s'apparente, à ses yeux, à celle de l’œuvre théâtrale par le jeu de l’acteur ou de la musique par les figures de la danse. Il établit une correspondance toute particulière entre la composition typographique et la partition musicale fidèle en cela au « significatif silence » de Stéphane Mallarmé, qui accorde au « blanc » de la page un rôle similaire à l’intervalle en musique. Le « silence », l’évidement et les espaces jouent un rôle essentiel dans ses créations, leur conférant un rythme, une tension qui paraissent les animer.
En 1993-1994, bénéficiant de la première résidence allouée à un graphiste, Philippe Apeloig est pensionnaire de l’Académie de France (Villa Médicis) à Rome. Ce séjour lui permet de perfectionner des alphabets de titrage qu'il a commencé d'expérimenter dans ses affiches. Selon lui, « la typographie est centrale dans le dessin d’une affiche. La forme et la fonction du caractère employé doivent se conjuguer pour à la fois attirer et communiquer ». Il en résulte une série de caractères typographiques comprimés dans des blocs de matière – que seules de petites ouvertures rendent reconnaissables – qui constituent à la fois des lettres et des signes. Ces recherches lui valent un Gold Award du Tokyo Type Director Club, en 1996. C’est le début d'une longue série de récompenses.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Michel WLASSIKOFF : historien du graphisme et de la typographie, diplômé en histoire de l'École des hautes études en sciences sociales, Paris
Classification