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BEAUSSANT PHILIPPE (1930-2016)

Philippe Beaussant - crédits : Ulf Andersen/ Aurimages

Philippe Beaussant

Romancier, historien et essayiste, Philippe Beaussant est né à Cauderan en Gironde, le 6 mai 1930. Sa scolarité se déroule en province puis à Paris, avant ses classes préparatoires au lycée Pasteur de Neuilly-sur-Seine. Titulaire d'un Master of Arts et d'une licence de lettres à la Sorbonne, il est professeur de lettres classiques et découvre le monde en voyageant. Dès 1965, c'est à la Flinders University d'Adélaïde en Australie qu'il est lecteur en littérature française. Tout commence peut-être là-bas, au bout du monde, quant à son aventure musicale. À Sydney, le baroque lui « saute au visage » lorsque le claveciniste Dene Barnett fait sortir d'une copie de clavecin ancien du xviiie siècle « une sonorité forte, vaillante, avec des basses agrestes, des notes fruitées colorées, riches » (Vous avez dit « baroque » ?, 1988). Dans l'espace aussi s'installe d'emblée l'esprit de la musique baroque, son accent et son élan, à travers le mouvement plastique de la danse, l'ampleur du geste, l'envol d'une draperie ou l'éclat d'une déclamation oratoire. C'est en 1973 que Philippe Beaussant pourra à nouveau savourer la vraie chair de la musique grâce à Jean-Claude Malgoire qui répétait sur l'orgue historique de Saint-Maximin des fragments d'Alceste de Lully. Une sensation merveilleuse de surprise physique, morale, mentale et esthétique qu'il ne va cesser d'approfondir, d'abord en devenant le directeur fondateur de l'Institut de musique et danse anciennes (1977), puis le créateur et le conseiller artistique du Centre de musique baroque de Versailles (1988-1995). Le contact de figures tutélaires, telles que Gustav Leonhardt, William Christie, Jordi Savall ou René Jacobs, sera lui aussi déterminant.

Après deux romans qui s'intéressent de près au travail de la mémoire (Le Biographe, 1978 ; L'Archéologue, 1979), Philippe Beaussant va donner un nombre considérable d'essais consacrés à la musique baroque et classique (Versailles, Opéra, 1981 ; Vous avez dit « classique » ?, 1991 ; Le Chant d'Orphée selon Monteverdi, 2002 ; Passages : de la Renaissance au Baroque, 2006), ainsi que des biographies de musiciens (François Couperin, 1981 ; Rameau de A à Z, 1983 ; Lully, ou le Musicien du soleil, 1992 ; Claudio Monteverdi, 2003) et des romans (La Belle au bois, 1989 ; Louis XIV artiste, 1999). Autant de synthèses musicologiques qui lui permettent de décrire le baroque comme un art rhétorique qui touche et séduit, une émotion qui fait éclater l'espace sonore, met en valeur ce qui est mouvement et contraste. Dans Le Roi-Soleil se lève aussi (2000), le romancier rapproche Louis XIV et Molière à travers la connivence qui les lie : ne sont-ils pas acteurs et metteurs en scène tous deux ? L'auteur de théâtre s'inspire de sa charge de valet de chambre au lever du roi, une occasion de rire des médecins, des bourgeois gentilshommes et des tartuffes. Quant à Louis XIV, il danse en s'identifiant à une représentation chorégraphique de sa propre majesté, écartant progressivement les gens de cour au profit de professionnels, comme Colbert, Louvois, Pontchartrain... C'est « la dépossession du rôle actif de la noblesse, réduite à l'état de spectateur de l'Histoire, qui se déroule désormais sans elle... » La leçon d'histoire traverse la passion de l'esthète et de l'humaniste.

Philippe Beaussant est élu à l'Académie française le 15 novembre 2007. Il meurt le 8 mai 2016 à Paris.

— Véronique HOTTE

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Philippe Beaussant - crédits : Ulf Andersen/ Aurimages

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