CONTAMINE PHILIPPE (1932-2022)

Historien français, Philippe Contamine était spécialiste de la France de la fin du Moyen Âge.

Né le 7 mai 1932 à Metz, fils de l’historien Henry Contamine (1897-1974) – qui était professeur à l’université de Rennes –, Philippe Contamine est reçu à l’agrégation d’histoire en 1956. Il est successivement assistant à la Sorbonne (1962-1965), chargé d’enseignement puis professeur, d’abord à l’université de Nancy (1965-1973), puis à Paris-X-Nanterre (1973-1989) et finalement à Paris-IV-Sorbonne (1989-2000). Au fil de sa carrière, il occupe de nombreuses responsabilités au sein de diverses instances : Comité national d’évaluation des universités, Conseil national des universités, Comité des travaux historiques et scientifiques, École nationale des chartes, Comité national du CNRS, fondation Thiers, Centre Jeanne-d’Arc.

Préparée sous la direction de Robert Boutruche (1904-1975), professeur à la Sorbonne, la thèse d’État de Philippe Contamine, intitulée Guerre, État et société à la fin du Moyen Âge. Les armées des rois de France pendant la guerre de Cent Ans (1337-1494), est soutenue en 1969 et publiée en 1972. Dans l’esprit de l’école des Annales, Contamine y étudie un groupe social, formé par les combattants au service des rois de France aux xiv^e et xv^e siècles : les modalités de la réunion des armées, les origines et les destinées des combattants, la condition militaire, les réformes successives entreprises par les rois, notamment Jean le Bon, Charles V et Charles VII. Salué comme un maître ouvrage, Guerre, État et société donne sa légitimité à l’étude de l’histoire des armées en la détachant définitivement de l’« histoire bataille ». Tout un pan de l’œuvre de Philippe Contamine concerne l’histoire de la guerre : on peut citer La Guerre au Moyen Âge, publié en 1980 dans la collection « Nouvelle Clio » des Presses universitaires de France (PUF), réédité à de nombreuses reprises, mais aussi, également publié aux PUF, le premier tome d’une Histoire militaire de la France, en 1992. D’autres études ont porté sur les migrations des gens de guerre, la propagande de guerre, l’impact du conflit franco-anglais sur l’économie et les multiples adaptations auxquelles durent consentir les hommes et les femmes de cette époque (La Vie quotidienne pendant la guerre de Cent Ans. France et Angleterre, 1976).

En même temps qu’à l’histoire de la guerre, Philippe Contamine s’est voué à l’histoire politique du royaume de France à la fin du Moyen Âge. Dans ce vaste champ, une place particulière revient à la noblesse, comme le montre la publication en 1997 d’un ouvrage sur ce sujet – intitulé La Noblesse au royaume de France, de Philippe le Bel à Louis XII. Essai de synthèse –, mais sa curiosité l’a porté aussi bien du côté de l’histoire administrative que du côté de l’histoire culturelle, comme en témoignent respectivement ses travaux portant sur la Chambre des comptes et sur le cheval.

S’il avait d’abord un penchant pour l’histoire quantitative (il notait l’importance de « peser les phénomènes »), Philippe Contamine a ensuite volontiers pratiqué l’approche biographique, en reconstituant la vie de divers chevaliers, célèbres ou méconnus, puis en se penchant sur deux figures majeures de l’histoire de France du xv^e siècle : Jeanne d’Arc. Histoire et dictionnaire (2012), préparé avec Olivier Bouzy et Xavier Hélary ; Charles VII. Une vie, une politique (2017). Longuement médités, ces deux ouvrages s’appuient sur ses nombreuses études publiées depuis le début des années 1960, rassemblées pour certaines en cinq recueils, dont deux sont parus peu de temps avant la mort de Contamine (Jeanne d’Arc et son époque. Essais sur le xv^e siècle français, en 2020 ; Nobles et noblesse en France, 1300-1500, en 2021). Dans cette œuvre considérable,[...]