BROCA PHILIPPE DE (1933-2004)
Réalisateur français. Fils d'un industriel de la photographie, c'est tout naturellement que Philippe de Broca suit, après le baccalauréat, les cours de l'École technique de photographie et de cinéma de la rue de Vaugirard. Ses études terminées, il parcourt comme opérateur l'Afrique pendant un an, avant d'être appelé sous les drapeaux, où il rejoint le Service cinématographique des armées. Libéré, il devient assistant-réalisateur, d'abord de Henri Decoin et de Georges Lacombe, puis de Claude Chabrol, sur les tournages du Beau Serge et des Cousins, et de François Truffaut, sur celui des 400 Coups. Celui-là va financer ses premiers films : Les Jeux de l'amour (1959) et Le Farceur (1960), deux comédies poétiques, interprétées par Jean-Pierre Cassel, qui attirent l'attention des producteurs. Après L'Amant de cinq jours, troisième volet des péripéties de l'elfe Cassel, Philippe de Broca enchaîne deux films d'aventures avec Jean-Paul Belmondo : Cartouche (1961) et L'Homme de Rio (1963), qui obtient un immense succès. Il consolide celui-ci avec Un Monsieur de compagnie (1964), pour lequel il retrouve J.-P. Cassel, et Les Tribulations d'un Chinois en Chine (1965), de nouveau avec Belmondo. Mais, l'échec critique et commercial du Roi de Cœur (1966), « conte philosophique » surréaliste qu'il considère comme son premier film vraiment personnel, est tel qu'il décide d'abandonner le cinéma. Il y revient cependant, après deux ans de silence, avec Le Diable par la queue (1968), qui révèle les dons comiques d'Yves Montand. Dès lors, sa carrière et son œuvre suivent une ligne semble-t-il toute tracée, sans hiatus, ni véritable surprise. Quelques films se détachent, comme Le Magnifique (1973), L'Incorrigible (1975), Le Cavaleur (1978) et Le Bossu (1997).
Le caractère « commercial » du cinéma de Philippe de Broca lui a souvent valu d'être négligé. En outre, ses films relevant, à quelques exceptions près, de la comédie, – mais une comédie singulière, où se mêlent marivaudage, burlesque, commedia dell'arte, absurde, vaudeville et farce –, on lui a accolé l'étiquette quelque peu méprisante de « réalisateur de films comiques ». À ses débuts, on l'a volontiers opposé à la Nouvelle Vague ; les œuvres de celle-ci étant jugées « malsaines », certains critiques surenchérirent sur la « fraîcheur », la « joie de vivre », la « gaieté » qui émanaient de ses comédies. Puis, avec le succès public qui accueillit la plupart de ses œuvres postérieures, on lui reprocha ce qui apparaissait alors être des qualités – manque de sérieux, légèreté –, lui concédant tout au plus le savoir-faire d'un bon technicien.
Or Philippe de Broca est un des très rares cinéastes français qui, dans le domaine de la comédie, ait su allier, à l'instar des grands modèles américains et italiens, divertissement populaire et œuvre d'auteur. La grande majorité de ses films mettent en effet en scène des hommes immatures, généralement incapables de prendre leurs responsabilités, qui cultivent l'oisiveté afin de « connaître la suprême volupté, celle de ne rien faire ». Impénitents rêveurs, les héros du cinéaste opposent au travail et à tout autre forme d'embrigadement (mariage, famille, armée, religion, etc.) une force d'inertie sans pareille. C'est qu'ils prennent la vie trop au sérieux pour la perdre à la gagner, et préfèrent jouir de l'instant présent... Papillonnant autour des femmes, incapables de rester un instant en place, ils s'enivrent de leur propre mouvement comme pour s'étourdir et abolir ainsi la fuite du temps. Mais, s'ils entendent agir sur l'ordre des choses, ils le font sans aucune volonté démiurgique : ils ne mettent en scène personne d'autre qu'eux-mêmes. L'apparence est ici souveraine. Il n'y a de vraie réalité que celle de l'imaginaire,[...]
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Écrit par
- Alain GAREL : critique et historien de cinéma, professeur d'histoire du cinéma
Classification
Autres références
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CASSEL JEAN-PIERRE (1932-2007)
- Écrit par André-Charles COHEN
- 862 mots
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