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PHILIPPE DE CHAMPAIGNE OU LA PRÉSENCE CACHÉE, Louis Marin Fiche de lecture

Dernier grand ouvrage laissé par Louis Marin (1931-1992) et publié après sa mort, Philippe de Champaignenous renvoie aussi à ses premières publications : les Études sémiologiques (1971) contiennent déjà un essai sur « Philippe de Champaigne et Port-Royal » – Port-Royal, ce lieu et ce moment de l'histoire de la pensée qui, de la Logique ou l'art de penser d'Antoine Arnauld et Pierre Nicole aux Pensées de Pascal, auront été parmi les plus constamment interrogés par Louis Marin au cours de son travail. Philippe de Champaigne apparaît ainsi, avec le recul du temps, comme une synthèse de l'œuvre de Louis Marin et, tout autant, comme l'abrégé d'un objet majeur de sa réflexion sur l'âge classique. On y trouve en effet non seulement l'étude de tous les grands tableaux de Champaigne, selon quatre grandes sections qui divisent le livre, mais une série de « Contrepoints » par lesquels Marin confronte Champaigne aux peintres du siècle, Poussin d'abord et surtout, mais aussi Velázquez, Rembrandt, Rubens, Van Dyck, Zurbarán et d'autres, faisant mieux voir quelles solutions Champaigne a pu apporter à des problèmes – particulièrement celui des conditions de possibilité et de légitimité d'une image sacrée – que d'autres artistes rencontrèrent avec lui.

Écrire, peindre

« Elle l'entretenait des ouvrages que son père lisait [...], ce qui augmentait encore davantage l'inclination que ce jeune enfant avait pour la peinture. » Cette notation d'André Félibien, premier biographe de Philippe de Champaigne (1602-1674), placée en tête du livre de Louis Marin, nous renseigne tout à la fois sur l'échange constant, chez Marin, de l'attention à la peinture et à l'écriture et sur la place du signe graphique dans les tableaux de Champaigne. Mais elle nous retient pour une troisième raison. Entre l'écriture et la peinture, il y a la lecture, et il y a la voix : la mère parle à l'enfant des livres du père. Lorsqu'il montre comment, dans l'Ex-voto (1662) par exemple, le tableau du Louvre auquel il consacre une longue analyse, l'inscription d'une longue phrase à la surface d'une partie du tableau défait l'illusion de la représentation picturale, Louis Marin fait parallèlement apparaître le silence du texte. Le tableau, dans ce moment de crise de la représentation, rend présente une absence. Le livre de Marin parcourt l'œuvre de Champaigne à la recherche de ces révélations, de ce qu'il appelle les « secrètes épiphanies de la peinture ».

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