PHILIPPE II AUGUSTE (1165-1223) roi de France (1180-1223)
Fils de Louis VII et d'Adèle de Champagne, Philippe II Auguste trouve à son avènement un domaine florissant mais restreint, comprenant l'Île-de-France, l'Orléanais et une partie du Berry. Le reste du royaume est partagé en une dizaine de fiefs sur lesquels le roi n'a qu'un droit théorique de suzeraineté, surtout quand il s'agit des provinces de l'Ouest réunies dans la dépendance du roi d'Angleterre Henri II Plantagenêt. Le jeune roi — il a quinze ans — entreprend immédiatement d'accroître son domaine et de tirer parti des rivalités entre les grands.
En avril 1180, il épouse Isabelle de Hainaut qui lui apporte l'Artois en dot. Mais il entre bientôt en conflit avec le comte de Flandre, oncle de sa femme, et une grande coalition féodale est nouée : le roi parvient à la défaire (traité de Boves, 1185), ce qui lui vaut de rattacher à la couronne les comtés d'Amiens, de Montdidier et les châtellenies de Roye et de Thourotte.
La grande entreprise du règne fut l'abaissement des Plantagenêts. Philippe Auguste soutient les fils révoltés (Henri puis Geoffroi) contre leur père Henri II. Un coup de main sur Issoudun lui permet d'imposer sa volonté et d'acquérir une partie du Vermandois tandis qu'il marie sa fille à Jean sans Terre, fils du roi d'Angleterre (traité de Châteauroux, 1187). La lutte n'en continue pas moins jusqu'à la capitulation de Henri II à Azay-le-Rideau le 4 juillet 1189. Richard Cœur de Lion, devenu roi, part pour la croisade avec Philippe Auguste : l'entente n'est que passagère, et le roi de France, rentré précipitamment (1191), intrigue contre son allié devenu le rival de Jean sans Terre et, surtout, du duc d'Autriche qui arrête Richard à son retour et le livre à l'Empereur. La lutte reprend à la libération de Richard (1194) et tournait nettement à l'avantage de Cœur de Lion, quand celui-ci est tué au siège de Châlus en Limousin (1199). Philippe Auguste ne reconnaît à Jean sans Terre le titre de roi que moyennant la cession d'une partie du Vexin normand, du pays d'Évreux et du Berry (traité du Goulet, 1200). En 1202, Jean sans Terre n'ayant pas répondu à une convocation devant la justice royale, ses fiefs sont confisqués et Philippe Auguste entreprend d'exécuter la sentence : la Normandie, le Maine, l'Anjou et le Poitou sont annexés (1204-1208). Un débarquement en Angleterre est préparé, mais une vaste coalition réunissant les comtes de Boulogne, de Flandre, de Hollande, les ducs de Lorraine, de Brabant, de Limbourg, et surtout l'empereur germanique, l'empêche d'aboutir. Le roi de France réussit néanmoins, par la victoire de Bouvines (27 juill. 1214), à défaire la coalition, assurant ainsi sa tranquillité au nord et à l'est, et supprimant tout appui continental à Jean sans Terre qui doit reconnaître de fait les conquêtes de son rival. Celui-ci le menace encore en soutenant son fils, le futur Louis VIII, qui tente en vain de conquérir l'Angleterre (1216-1217).
Le même prince royal Louis intervient ensuite en Aquitaine aux côtés de Simon de Montfort contre le comte de Toulouse et les albigeois ; et Philippe Auguste avait auparavant mis la main sur l'Auvergne (à partir de 1189) et la Champagne (1201 et 1213). À sa mort, il est de loin le plus grand seigneur du royaume et il a réussi à imposer son autorité aux grands feudataires les plus proches.
À l'intérieur, Philippe Auguste met en place des méthodes nouvelles de gouvernement rendues nécessaires par l'extension du domaine. Il institue les baillis, officiers nommés et révoqués par le roi, qui le représentent dans toutes ses fonctions. Les impôts restent exceptionnels (dîme saladine), mais la collecte plus soigneuse des revenus domaniaux et la vente de privilèges aux communes et aux métiers accroissent[...]
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Écrit par
- Michel SOT : maître de conférences d'histoire du Moyen Âge à l'université de Paris-X-Nanterre
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