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PHILIPPE II D'ESPAGNE (1527-1598)

La défense du catholicisme

La lutte contre l'islam

Les Turcs avaient la maîtrise de la mer en Méditerranée. En 1560, une expédition contre l'île de Djerba tourna au désastre. Patiemment, le roi constitua de puissantes forces navales et put ainsi reprendre le Peñón de Vélez, sur la côte du Rif, puis envoyer l'escadre de don García de Toledo porter secours à Malte assiégée par les Turcs (1565). Ces brillants résultats furent compromis par la révolte des morisques de Grenade, convertis officiellement au christianisme, mais fidèles en secret à l'islam. En prétendant leur imposer les coutumes espagnoles, on provoqua un soulèvement (Noël 1568). Pendant deux ans, les insurgés tinrent tête aux forces royales, dont bientôt don Juan d'Autriche prit le commandement. En expulsant la population morisque et en la dispersant dans le royaume de Castille, on priva les combattants de leur soutien et la révolte prit fin.

Cependant le vice-roi d'Alger, Euldj Ali (Ali le Renégat), en avait profité pour chasser de Tunis un émir favorable aux Espagnols (1569) et la Turquie avait lancé un ultimatum à Venise, réclamant la cession de Chypre.

Fidèle à l'esprit de croisade, le pape Pie V s'efforça d'unir les chrétiens contre le danger turc. De laborieuses négociations aboutirent en mai 1571 à la constitution de la Sainte Ligue qui associait les forces navales de l'Espagne, de Venise et du Saint-Siège sous le commandement de don Juan d'Autriche. Celui-ci concentra les escadres à Messine et, se portant à la rencontre de l'ennemi, détruisit la flotte turque à Lépante (7 oct. 1571). Cette victoire eut un immense retentissement dans la Chrétienté, mais la coalition fut affaiblie par la mort de Pie V et les dissensions entre Espagnols et Vénitiens. Les Turcs ayant reconstitué leur flotte, la campagne de 1572 sur les côtes de Morée se solda par un échec. Les Vénitiens, qui n'avaient pu empêcher la conquête de Chypre, signèrent en mars 1573 une paix séparée, à des conditions assez humiliantes, pour rétablir leur commerce dans le Levant. L'Espagne continua les hostilités. Don Juan s'empara de Tunis, repris l'année suivante par Euldj Ali, qui prit même La Goulette (sept. 1574). Après cette date, les grandes opérations navales cessèrent. Une trêve conclue en 1578 fut renouvelée à plusieurs reprises. Mais les corsairesbarbaresques, solidement installés à Alger, maintinrent l'insécurité sur mer, tout en étant contrecarrés par la course chrétienne.

La lutte contre le protestantisme

À son départ de Bruxelles en 1559, Philippe II avait laissé le gouvernement des Pays-Bas à Marguerite de Parme, fille naturelle de Charles Quint, le pouvoir effectif revenant à Antoine Perrenot, un Comtois, plus tard archevêque de Malines, sous le nom de cardinal Granvelle. De nouveaux évêchés furent créés et les troupes espagnoles évacuèrent le pays. Mais l'opposition, menée par deux grands seigneurs, le comte d'Egmont et Guillaume de Nassau, prince d'Orange, ne désarma pas. Philippe II rappela Granvelle (1564), mais refusa d'adoucir les mesures de rigueur contre les hérétiques. On aboutit ainsi à un front commun entre opposants politiques et religieux. En août 1566, les calvinistes saccagèrent les églises. La régente rétablit la situation. Mais Philippe II, résolu à châtier sévèrement les rebelles, lui enleva ses pouvoirs au profit du duc d'Albe, qui arriva en août 1567 à Bruxelles à la tête d'une armée et fit arrêter puis exécuter les comtes d'Egmont et de Horn. Le duc institua le Conseil des troubles, qui prononça de nombreuses condamnations capitales, et établit de lourds impôts. Il avait infligé plusieurs échecs à Guillaume d'Orange et à ses partisans et semblait maître du pays, lorsqu'en avril 1572 les « gueux de mer » s'emparèrent du port de La Brielle[...]

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Grenoble

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Portrait de Philippe II roi d'Espagne et du Portugal, A. Sánchez Coello - crédits : Erich Lessing/ AKG-Images

Portrait de Philippe II roi d'Espagne et du Portugal, A. Sánchez Coello

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