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PHILIPPE IV LE BEL (1268-1314) roi de France (1285-1314)

La France dans la Chrétienté

Les armées dont dispose Philippe le Bel, et dont il laissa en général le commandement au connétable, aux maréchaux et à son frère Charles de Valois (mais il paya vaillamment de sa personne à Mons-en-Pévèle), ne correspondent pas aux effectifs que laisserait supposer la richesse en hommes de la France. Les difficultés pour réunir l'ost féodal, les facilités de rachat de plus en plus grandes pour les roturiers, l'indiscipline des soudoyés, le manque de cohésion entre Français du Nord, Français du Midi et étrangers, entre cavalerie noble et piétaille roturière expliquent les mécomptes de Philippe le Bel en matière militaire. La force de la marine, pour laquelle il fit construire un arsenal à Narbonne en 1294 et surtout, cette même année, le « clos des galées » de Rouen, arsenal construit par un Génois, ne doit pas non plus être surestimée.

Malgré les entraves financières, dont les plus graves furent précisément dues aux guerres, Philippe le Bel réussit à développer une diplomatie de l'argent. Par l'intermédiaire en effet de fiefs rentes ou fiefs de bourse, il se concilia, contre monnaie, l'alliance et la vassalité de nombreux seigneurs en Flandre et dans l'Empire.

La période de mue que connaît la France de Philippe le Bel se traduit par un certain repli des entreprises militaires sur le royaume. Le père de Philippe le Bel, Philippe III, était mort au palais des rois de Majorque à Perpignan, Philippe le Bel se détourne de la péninsule Ibérique. Il va s'intéresser à la récupération des territoires anglais du royaume, à la Flandre, de plus en plus essentielle à la prospérité et à l'équilibre de la France, à la consolidation de la principale frontière de la monarchie, celle avec l'Empire. Par-dessus tout, il cherchera à se dégager et à dégager l'Église de France de la tutelle de la papauté.

Les mariages anglais et les affaires de Flandre (1294-1305)

Malgré les accords signés avec l'Angleterre sous Saint Louis et Philippe III, la pratique de la vassalité du roi d'Angleterre à l'égard du roi de France pour ses territoires français et de la suzeraineté française sur ces territoires (appels à la justice du roi de France), les incidents constants entre marins des deux souverainetés, le désir probable d'une partie au moins des conseillers de Philippe le Bel de récupérer l'ensemble des terres françaises conduisirent à la rupture et à la guerre en 1294. Philippe le Bel, qui en avait pris l'initiative et avait gagné militairement la partie en Aquitaine (conquise de 1294 à 1296) et en Flandre (où une diversion anglo-flamande échoua en 1297), accepta pourtant l'arbitrage du pape, qui rétablit les choses en l'état antérieur. Deux mariages scellaient la réconciliation (conventions de Montreuil, 1299). Edouard Ier épousait Marguerite, sœur de Philippe le Bel, son fils, le futur Edouard II, Isabelle, fille du roi de France. Cet apparent succès matrimonial pour Philippe le Bel allait fonder, à partir de 1328, les prétentions anglaises à la succession royale française. La Flandre était à la fois, dans sa partie française (l'autre relevait de l'Empire), une des plus riches terres du royaume (grâce à la prospérité artisanale et commerciale des villes), une couverture militaire de l'Île-de-France, et une pomme de discorde avec l'Angleterre que la vente de sa laine aux drapiers flamands liait de façon spéciale à la Flandre. Le roi de France intervenait sans cesse dans les affaires flamandes et poussait ses exigences judiciaires et financières au-delà même de son droit. Il s'appuyait sur une grande partie de la noblesse du pays, les leliaerts (partisans des fleurs de lys), contre le comte, les bourgeois et les artisans. L'intervention du comte en faveur d'Edouard Ier et sa défaite de 1297 amenèrent[...]

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études

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