LAMOUR PHILIPPE (1903-1992)
Philippe Lamour naît le 12 février 1903 à Landrecies, dans le Nord, d'un père agriculteur et artisan brasseur. Après de brillantes études de droit, à Paris, il participe très jeune aux mouvements d'idées qui foisonnent dans les domaines des lettres, de la musique, du cinéma, de l'architecture. En 1930, il fonde avec Jeanne Walter (dont il épousera la fille Geneviève) la revue Plans, où se retrouvent les signatures de Giono, d'Honegger, de Léger et de Dufy, de Clair et de Cayatte, de Le Corbusier... Cette publication jouit rapidement d'une notoriété internationale. Parallèlement, depuis l'âge de dix-neuf ans, il a entrepris une carrière d'avocat. À trente ans, il est déjà célèbre, ayant plaidé notamment dans l'affaire Seznec et l'affaire Stavisky.
Lecteur lucide de Mein Kampf, témoin engagé de la guerre d'Espagne comme conseiller du gouvernement républicain, il multiplie en vain les avertissements dans un univers politique paralysé. La vengeance de la Gestapo lui interdira, après sa démobilisation en 1940, de rentrer à Paris. Pour assurer la subsistance de sa famille, il remet en état une propriété abandonnée, en Auvergne, avant d'acquérir le mas de Bellegarde, dans le Gard, où il vivra jusqu'à sa mort.
Après la Libération, il se lance dans l'action professionnelle. C'est sous son impulsion que naît la Confédération générale de l'agriculture, dont il devient le secrétaire général. Il s'agit alors de redonner à l'agriculture française et à ses organisations syndicales, financières et mutualistes une structure cohérente et représentative. À cette époque, les moyens de production sont détruits, et les restrictions alimentaires frappent encore durement la population. Il s'attache, en collaboration étroite avec le ministre de l'Agriculture, Tanguy Prigent, à obtenir, dans le cadre du plan Marshall, les indispensables dotations en matériel, engrais et semences. Son action est déterminante. L'agriculture française entre de plain-pied dans l'ère moderne. Dans le même temps, Jean Monnet, chargé par le général de Gaulle de concevoir le plan de modernisation de l’économie nationale, appelle Philippe Lamour dans l'équipe restreinte du commissariat au Plan. L'appareil productif français est reconstruit et modernisé, et les voies de la construction européenne sont tracées. Philippe Lamour est l'un de ces pionniers. Lors d'un voyage en Amérique, en 1946, il a visité la Tennessee Valley, et, avec Jean Monnet, il conçoit la réalisation en France du premier grand aménagement régional. Les études lancées en 1952 aboutissent en 1955 à la création de la Compagnie Bas-Rhône-Languedoc. En quelques années, un immense réseau d'irrigation s'étend sur les départements du Gard et de l'Hérault — et bientôt au-delà. Une véritable révolution agricole-commence dans ce pays voué depuis des décennies à la monoculture viticole et à ses aléas. Des familles rapatriées d'Afrique du Nord, après 1962, seront installées sur des exploitations nouvelles. La ressource en eau aura encore permis l'audacieux équipement touristique du littoral, du Grau-du-Roi à Argelès, dont Philippe Lamour est l'initiateur. Son concours est alors sollicité par la F.A.O. ou par l'O.C.D.E., pour des réalisations en Italie du Sud, en Sardaigne, en Grèce.
En 1962, Philippe Lamour est appelé à la présidence de la Commission nationale d'aménagement du territoire, rattachée directement au Premier ministre. C'est à cette époque que naît une véritable conscience de la nécessité de mieux répartir sur l'ensemble du territoire les effets du spectaculaire développement économique que connaît la France. Il en réalise une brillante démonstration en devenant, en 1965, maîre de Ceillac, dans les Hautes-Alpes, une des-communes les plus élevées[...]
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Écrit par
- Jacques PELISSIER : préfet de région honoraire, président honoraire de la S.N.C.F., président de l'office du tourisme de Paris
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