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PHILIPPE LE CHANCELIER (1160/80-1236)

Maître en théologie de l'université de Paris en 1206, souvent confondu avec son père Philippe de Grève, Philippe devint archidiacre de Noyon en 1211 et chancelier de Notre-Dame en 1218. Pratiquant le cumul des bénéfices et défenseur des privilèges contre les mendiants, il fut mêlé à tous les conflits doctrinaux et administratifs, surtout celui de 1229-1231, et même convoqué alors à Rome pour y entendre la désapprobation du pape.

Administrateur, prédicateur, écrivain, Philippe n'en est pas moins un des maîtres les plus intéressants de l'époque, marquant les axes et croisées de l'évolution des idées et des méthodes. Il est avec Guillaume d'Auvergne le dernier grand maître séculier avant l'effondrement affligeant de Guillaume de Saint-Amour et la remontée, à la fin du xiiie siècle, de Henri de Gand ou de Godefroid de Fontaines. Son œuvre essentielle est une Summa de Bono (éd. critique N. Wicki, 2 vol., Francke, Berne, 1985), dans laquelle il apparaît très informé sur la recherche contemporaine. Il y exprime la place neuve de la philosophie et du Lycée dans la théologie. Il cite Avicenne et Avicebron auprès des victorins, suit souvent Boèce plus qu'Augustin ; il s'appuie sur les transcendantaux et prône la logique de la foi comme science. Il sait utiliser grammaire et métaphysique et met en avant les concepts d'essence et de nature à côté de celui d'analogie des degrés d'être. Il raisonne sur le Christ homme et sur la notion de medium ; grâce à une solide compréhension de Boèce, il s'approche de la notion de persona, que Thomas d'Aquin ensuite élucida définitivement. Sa réflexion sur l'hypostase et la nature mène en direction de l'acte d'exister, par l'étude duquel Thomas renouvellera la doctrine concernant le Christ et l'histoire. En somme, Philippe, contemporain d'Alexandre de Hayles, travailla, à l'inverse de Guillaume d'Auxerre et de Guillaume de Saint-Amour, dans le même sens théologique que ses adversaires mendiants et servit le progrès des idées.

— Michel-Marie DUFEIL

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