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PHILIPPE NÉRI saint (1515-1595)

Né à Florence, Philippe Néri y fréquente dans sa jeunesse le couvent des dominicains de San Marco ; il connaît par eux les écrits de Savonarole, dont il conservera toujours le culte. En 1533, il se rend à San Germano (près du mont Cassin), pour s'initier aux affaires auprès d'un oncle dont l'héritage devait lui revenir, mais il renonce très vite à celui-ci pour se rendre à Rome. Il y loge pendant seize ans chez le Florentin Galeotto del Caccia, qui le fera pour un temps précepteur de ses enfants. Il choisit à cette époque un genre d'existence érémitique assez particulier, caractérisé par le port d'un habit d'ermite, par une vie d'ascèse et de prière, l'apostolat des rues, en particulier auprès des jeunes gens, ainsi que des pérégrinations dans la campagne et dans les catacombes romaines. En 1548, il rassemble, avec son directeur spirituel Persiano Rosa, une quinzaine d'hommes dans la Confrérie de la Très Sainte Trinité, vouée au soin des pèlerins de Rome pauvres et malades.

En 1551, sur les instances de son directeur, il accepte de se laisser ordonner prêtre. Il se rattache alors à une communauté de prêtres près de l'église San Girolamo : c'est à partir de là que se développera l'Oratoire à partir de 1552. À l'origine, le mot définit l'exercice religieux fait de prières, de prédication et de chants qui est à la base de la méthode apostolique de Philippe ; il deviendra celui de la Congrégation fondée pour en perpétuer l'usage. On notera que la juxtaposition du sermon et de la composition musicale annonce de loin la forme musicale de l'oratorio, qui n'apparaîtra cependant qu'au début du xviie siècle.

Mais l'originalité de la méthode de Philippe Néri ne s'arrête pas là : les pèlerinages organisés aux églises romaines, où il entraîne une foule nombreuse, en sont un autre élément important. Très assidu par ailleurs au confessionnal, il s'attache aussi à la prédication auprès des jeunes et aux exercices spirituels. En 1575, la bulle d'institution canonique de la Congrégation (qui s'installe à Santa Maria in Vallicella) ne fait qu'entériner une situation déjà existante ; Philippe dira d'ailleurs souvent qu'il n'avait pas eu le dessein de fonder une nouvelle congrégation. Son action apostolique est servie par une extrême ferveur sensible, mais aussi par un contact humain remarquable et une conduite pleine d'humour (non exempte parfois d'excentricités).

Sous Paul IV, l'Oratoire connaît quelques difficultés : Philippe se voit interdire les confessions et les pèlerinages. La situation s'améliore sous les deux pontifes suivants, bien que Pie V ait éprouvé des réticences vis-à-vis des méthodes de l'Oratoire (Charles Borromée dut intervenir pour prévenir une fermeture autoritaire de l'institution). Les papes suivants (Grégoire XIV, Clément VIII) vénèrent Philippe, et le cardinalat lui sera en vain proposé. D'autres saints de l'époque sont en relation avec lui : Ignace de Loyola, Charles Borromée, Camille de Lellis. Parmi les premiers membres de l'Oratoire, il faut citer l'historien Baronius, que Philippe a poussé dans sa voie.

Philippe Néri sera béatifié en 1615 et canonisé en 1622. Bien qu'il n'ait pas favorisé les recherches de ses futurs historiens, puisqu'il fit rechercher et brûler ses papiers personnels avant sa mort, il a trouvé d'excellents biographes : l'ouvrage de L. Ponnelle et L. Bordet, Saint Philippe Néri et la société romaine de son temps (1515-1595), Paris 1928 et 1958, fait toujours autorité. Il a tenté les littérateurs : Goethe lui consacre quelques pages de ses Italienische Reise ; de nos jours, Marcel Jouhandeau a écrit sur lui un petit ouvrage (Saint Philippe Néri, Paris, 1957).

— Armand DANET[...]

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