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ORLÉANS PHILIPPE duc d' (1674-1723) régent de France (1715-1723)

Fils de Monsieur, frère de Louis XIV, et de la princesse Palatine, duc de Chartres, Philippe d'Orléans commence sa carrière des armes aux Pays-Bas, aux côtés de Louis XIV et se distingue par une brillante conduite à Mons, à Steinkerque et à Neerwinden en 1693. C'est un grand et bel homme : « De port aisé et fort noble [...] il avait dans le visage, dans toutes ses manières, une grâce infinie et si naturelle qu'elle ornait jusqu'à ses moindres actions » (Saint-Simon). Le roi l'écarte et le réduit à une existence mondaine où il prend des habitudes de vie dissolue mais cultive les lettres et les arts. Il épouse la princesse légitimée, Mlle de Blois, et reçoit, à la mort de son père, les prérogatives des princes du sang. Rappelé à l'armée lors des campagnes difficiles de la guerre de Succession d'Espagne, il prouve sa bravoure à Turin en 1706. Après avoir été écarté des successions possibles, en France comme en Espagne, il intrigue. Son ambition mal déguisée et son goût pour la chimie le font soupçonner d'avoir contribué aux morts mystérieuses du Dauphin et de sa famille. Louis XIV lui témoigne froideur et défiance et lui impose, par son testament secret, la présence des princes légitimés dans le Conseil de régence. À la mort de Louis XIV, le duc d'Orléans fait casser le testament par le Parlement (sept. 1715) qui le reconnaît comme seul régent, ce qui lui permet de réorganiser le Conseil à son gré, de ménager le Parlement (polysynodie), de séduire les Français par une politique nouvelle : la paix est rétablie. Il soutient les jansénistes, abandonne la cause des Stuarts, tente de rétablir les finances et l'économie avec les audaces de Law. Mais il s'impose aux parlements et aux princes légitimés (sept. 1718), prend les armes contre l'Espagne dans une alliance avec Londres et Vienne (janv. 1719). Le Régent n'a rien changé à sa vie frivole. Le Palais-Royal est le théâtre de ses abandons à la paresse et à la débauche en compagnie de ses « roués » (méritant le supplice de la roue), « fanfarons d'incrédulité et de crimes » ; les petits soupers y tournent à l'orgie. La complicité de Dubois, son ancien précepteur, devenu archevêque, cardinal et ministre, est entière dans ce mépris des vertus publiques et privées. Mais quand les calamités fondent sur le royaume : incendies, peste de Marseille, effondrement du système de Law, le pays souffre et gémit, on accuse l'irréligion du Régent. La sagacité et la finesse de Dubois dans les affaires, l'énergie intermittente du Régent et l'absence de toute opposition organisée font que la monarchie reste debout. Louis XV est sacré en février 1723 et il garde Philippe d'Orléans comme ministre jusqu'à la mort de ce dernier, survenue à la fin de la même année.

Philippe d'Orléans a composé deux opéras (Hypermnestre et Panthée), peint et gravé avec talent (on lui doit les illustrations d'une édition de Daphnis et Chloé). Il achète pour sa couronne le Régent, le diamant réputé le plus beau d'Europe.

— Louis TRENARD

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, professeur à l'université de Lille

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