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PÉTAIN PHILIPPE (1856-1951)

L'opprobre

Le rejet

Les Français imputent à son entourage et aux gouvernements successifs la collaboration qu'ils rejettent d'emblée et bientôt la dictature policière et étatique. L'arrestation de Pierre Laval le 13 décembre 1940 laissait croire que le Maréchal tenait le pouvoir, son retour à la tête du gouvernement en avril 1942 montre qu'il n'en était rien. La statue du Maréchal est fissurée. En novembre 1942, en demeurant en France tout entière occupée au lieu de gagner Alger, en faisant de Laval son dauphin, le Maréchal laisse passer sa dernière chance de réhabilitation. Ayant perdu l'Empire et la flotte (sabordée à Toulon le 27 novembre), il assume avec Laval un pouvoir dont les Allemands sont les vrais maîtres.

Le Maréchal, qui se plaint d'être prisonnier auprès de ses nombreux visiteurs, reste une carte que les occupants veulent conserver, même en novembre 1943, lorsque son entourage (le Dr Ménétrel, chef de son secrétariat particulier, Lucien Romier, ministre d'État et quelques autres) le pousse à changer de cap, à se débarrasser de Laval et à annoncer qu'il restitue le pouvoir à l'Assemblée nationale. Interdit de radio par les Allemands, il réagit en cessant d'exercer ses fonctions, avant de finir par s'incliner le 5 décembre. Il accepte d'être flanqué d'un représentant de Hitler (le diplomate von Renthe-Fink) et conserve Laval à la tête d'un gouvernement dans lequel Joseph Darnand, le chef de la Milice, fait son entrée. Les activistes de la révolution nationale, dont celui-ci est le chef de file, se réclament toujours du Maréchal, qui continue de couvrir leurs agissements dans la lutte contre la Résistance. Le Maréchal, en raison de sa gloire passée, de son âge, des troubles de sa vieillesse, bénéficie encore de l'indulgence de beaucoup. Le maréchalisme perdure, surtout en zone Nord où cette image est servie par l'interdiction de visite que les Allemands lui ont imposée depuis 1940. Aussi, lorsqu'ils la lèvent et que le Maréchal peut se rendre en Lorraine et à Paris, en avril 1944, l'accueil qui lui est fait s'adresse à ce qu'il représente encore pour ces populations : une France dont elles ont été coupées jusqu'ici. Mais, quatre mois après, il n'y a plus d'ambiguïté. La « vraie France » acclame le général de Gaulle à Paris, le 25 août.

Le déshonneur

Le Maréchal ne représente plus rien. Les Allemands le contraignent au départ le 20 août et le conduisent à Belfort, avant de l'installer à Sigmaringen (Wurtemberg) où se retrouve le dernier carré vichyste. En France, son nom, que d'innombrables localités avaient attribué en 1940 et 1941 à leurs plus belles places ou avenues, disparaît totalement.

Procès de Pétain, 1945 - crédits : Keystone/ Getty Images

Procès de Pétain, 1945

Avec l'effondrement de l'Allemagne, Pétain peut gagner la Suisse. De Gaulle aurait préféré qu'il y reste. Lui ne peut se résigner à cet exil. Il s'illusionne encore sur sa popularité. Il espère de la compréhension de la part de Gaulle, qui avait été son protégé dans les années 1920. Il se livre aux autorités françaises le 25 avril 1945. Il est traduit devant la Haute Cour entre le 23 juillet et le 15 août pour « attentat contre la sûreté intérieure de l'État » et « intelligence avec l'ennemi en vue de favoriser ses entreprises en corrélation avec les siennes ». Ce procès symbolique, mal engagé autour d'un complot imaginaire qui, selon l'acte d'accusation, aurait été « fomenté depuis longtemps contre la République », se conclut sans surprise par sa condamnation à mort par 14 voix contre 13. Le Maréchal est gracié par de Gaulle en raison de son âge, comme l'avaient souhaité ses juges. Il termine ses jours en captivité, d'abord au fort du Portalet, puis à l'île d'Yeu où il décède à quatre-vingt-quinze ans, le 23 juillet 1951.[...]

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Philippe Pétain - crédits : Encyclopaedia Britannica, Inc.

Philippe Pétain

Procès de Pétain, 1945 - crédits : Keystone/ Getty Images

Procès de Pétain, 1945

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