SÉGUIN PHILIPPE (1943-2010)
Président de l'Assemblée nationale et Premier président de la Cour des comptes, Philippe Séguin a eu à cœur toute sa vie de se montrer digne de son père, héroïque et inconnu, mort pour la France en septembre 1944, et dont il a reçu la médaille militaire le 11 novembre 1949, à six ans et demi.
Philippe Séguin est né le 21 avril 1943 à Tunis. Il y fera ses études primaires avant que l'indépendance du pays ne pousse sa mère, institutrice, à regagner la métropole. Elle s'installe à Draguignan (Var). Lui vit mal ce qu'il considère comme une « dégringolade sociale » – ses grands-parents sont eux aussi rentrés, ruinés. Un besoin de revanche stimulera le jeune homme : après la faculté des lettres d'Aix-en-Provence, il est major de l'Institut d'études politiques d'Aix et intègre l'E.N.A. dont il sort septième (promotion Robespierre, 1970).
Pendant ce temps, il a travaillé et découvert la politique. Il est journaliste au Provençal, le quotidien dirigé par Gaston Defferre. Il milite à la Jeunesse étudiante catholique, à l'U.N.E.F., pour l'indépendance de l'Algérie, s'inscrit à la S.F.I.O., mais fait campagne pour de Gaulle en 1965.
Philippe Séguin, qui a rejoint la Cour des comptes à sa sortie de l'E.N.A., se trouve, trois ans plus tard, appelé à l'Élysée (1973-1974), où il sera chargé de mission, par le secrétaire général de la présidence de la République, Michel Jobert. Après la mort de Georges Pompidou, Philippe Séguin trouve place à la direction de l'Éducation physique et des Sports (1974-1975).
À partir de 1977, son itinéraire se fait plus politique. Il dirige quelques mois le cabinet du secrétaire d'État aux Relations avec le Parlement, Christian Poncelet. Puis il rejoint celui de Raymond Barre, à l'hôtel Matignon.
Pour peu de temps. Les élections législatives de 1978, annoncées comme difficiles pour la majorité, approchent. Lui se présenterait bien dans le Var de son enfance. La direction du R.P.R. l'envoie dans une circonscription considérée comme perdue, à Épinal, dans les Vosges. Il est élu, et sera député sans discontinuer jusqu'en 2002. En 1983, il conquiert la mairie d'Épinal, qu'il conservera durant quatorze ans. Il fera de la cité vosgienne un laboratoire et une vitrine de son savoir-faire : semaine « anglaise » pour les écoliers (cours le matin, activités de plein air l'après-midi), câble dans presque tous les logements, trophées de la ville de France la plus fleurie, la plus sportive, etc.
Mais c'est d'abord le député qui se fait connaître. Dès son élection, il rédige un rapport préconisant l'abolition de la peine de mort. Après 1981, il est avec un petit groupe (Michel Noir, Charles Millon, François d'Aubert) de tous les combats parlementaires contre les projets socialistes. Au sein du R.P.R., il fait déjà entendre sa différence en s'inquiétant d'une « dérive droitière ». En 1986, le voici à la tête du ministère des Affaires sociales et de l'Emploi. Il fait voter la suppression de l'autorisation administrative de licenciement et le non-remboursement des médicaments « de confort ». Mais il entretient de bonnes relations avec les syndicats et se fait remarquer en conservant à son poste le directeur des relations du travail, Martine Aubry.
La défaite de Jacques Chirac à l'élection présidentielle de 1988 ouvre pour Philippe Séguin le temps des frondes. Battu d'une voix par Bernard Pons pour la présidence du groupe R.P.R. à l'Assemblée nationale, il rejoint le mouvement des rénovateurs au printemps de 1989 (avant de quitter prématurément le navire), puis s'allie un an plus tard avec Charles Pasqua pour contester la gestion du R.P.R. par Alain Juppé et l'influence d'Édouard Balladur sur Jacques Chirac.
C'est le débat[...]
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Écrit par
- Bruno DIVE
: journaliste éditorialiste à
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