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PHILIPPE V (1683-1746) roi d'Espagne (1700-1746)

Duc d'Anjou, second fils du Grand Dauphin Louis et de Marie-Christine de Bavière, petit-fils de Louis XIV, le futur Philippe V d'Espagne naît à Versailles. Le roi de France brigue une couronne pour ce prince d'un naturel effacé ; l'occasion lui en est fournie par la mort sans héritier du dernier Habsbourg d'Espagne, Charles II. Le testament du souverain défunt désigne comme son successeur le duc d'Anjou contre l'autre prétendant à la couronne, l'archiduc Charles d'Autriche (nov. 1700). Le nouveau roi d'Espagne écoute les dernières recommandations de son grand-père, qui lui conseille de se comporter en bon Espagnol, mais de ne pas oublier qu'il reste français. Il emmène dans sa suite le financier Orry et la princesse des Ursins, future dame d'honneur de la reine. Arrivé à Madrid en février 1701, le premier Bourbon d'Espagne séduit ses sujets par son caractère affable, mais en même temps révèle dans la conduite de l'État un manque de personnalité ; il obéit aveuglément à son aïeul qui lui impose, peu après son accession au trône, un mariage avec Marie-Louise de Savoie, fille du roi Victor-Amédée ; celle-ci prend un ascendant réel sur son époux. Les finances, épuisées par les guerres continuelles des règnes précédents, sont rétablies par Orry ; la princesse des Ursins use de son influence pour obtenir un rajeunissement de l'administration et une modération des rigueurs de l'Inquisition. Mais, victime des intrigues des diplomates français, elle est rappelée en France (1704) pour revenir triomphante à Madrid un an plus tard.

Dès les premières années de son règne, Philippe doit faire face à une coalition, montée par l'autre candidat évincé du trône, qui groupe l'Autriche, l'Angleterre et la Hollande. Philippe reçoit l'aide de la France, mais les Espagnols eux-mêmes sont divisés sur cette question dynastique : l'Aragón, Valence et la Catalogne reconnaissent, en effet, le prétendant autrichien sous le nom de Charles III (1705). L'année suivante, Madrid elle-même désavoue Philippe, qui s'enfuit momentanément. En 1707, les provinces rebelles sont reconquises par les armées de Philippe V qui, en guise de châtiment, les prive de leurs droits locaux (fueros). En 1710, la lutte rebondit et le duc de Vendôme doit intervenir avec les troupes françaises pour rendre la couronne à Philippe. Il est reconnu définitivement roi par le traité d'Utrecht (1713), mais l'Espagne perd Gibraltar (occupée par les Anglais depuis 1704), puis Minorque et ses possessions italiennes (Milan, Naples, la Sardaigne, la Sicile) au profit de l'Autriche ; la Catalogne ne rend les armes qu'en 1714. Cette même année, la reine, épuisée par des grossesses successives, meurt, et la princesse des Ursins accroît son ascendant sur le roi. Mais l'Italien Alberoni concurrence sérieusement cette influence féminine et réussit à faire épouser au souverain Élisabeth Farnèse.

La fille du duc de Parme n'a pas la grâce de la reine défunte, mais elle est capable de rivaliser d'intelligence avec la princesse des Ursins. Le différend entre les deux femmes est exploité par Alberoni qui chasse la dame d'honneur. À la mort de Louis XIV, en 1715, les rapports entre la France et l'Espagne se tendent, car c'est le duc d'Orléans et non Philippe V qui est proclamé régent. Alberoni cherche des alliances pour l'Espagne menacée d'isolement, à commencer par l'Angleterre et le pape (cette dernière négociation lui vaut le chapeau de cardinal en 1717). Mais, rapidement, l'Angleterre rejoint le camp adverse ; les troupes de la Quadruple-Alliance (France, Angleterre, Autriche et Provinces-Unies) livrent bataille aux armées espagnoles à la fois en Sardaigne et en Sicile, ainsi que sur mer ; l'Espagne essuie[...]

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