PHILIPPE V LE LONG (1294-1322) roi de France (1316-1322)
Frère de Louis X, deuxième fils de Philippe le Bel et de Jeanne de Navarre, Philippe V prend le pouvoir dans des conditions douteuses. En attendant la naissance de Jean Ier, il se déclare aussitôt régent du royaume et devient roi à la mort de ce dernier. Lettré, il a le sens du pouvoir. Son esprit de décision l'emporte sur les oppositions qu'il rencontre. À l'extérieur, il règle par la paix le problème flamand (paix du 2 juin 1320). À l'intérieur, tout en confirmant les chartes provinciales accordées par son frère, il centralise les institutions pour les rendre plus efficaces. L'Hôtel du roi, le Parlement, la Chambre des comptes sont réorganisés. Au Trésor, à Paris, convergent les recettes. Le roi tente, malgré l'opposition des seigneurs du Midi, d'imposer une monnaie commune dans l'ensemble du royaume. Mais, pour mener à bien sa tâche, il lui faut compter avec les ambitions des grands et l'avis des assemblées d'états. Vingt-quatre grands seigneurs siègent en priorité au Conseil où ils contrôlent la nomination des baillis et des sénéchaux, les donations et les mouvements de fonds. Mais, surtout, aucun progrès de l'État n'est possible sans l'accord des assemblées. Soit générales, soit partielles, celles-ci consentent aux impôts. Bureaucratisation galopante, train de vie accru, hausse vertigineuse des prix : les revenus tirés du domaine royal ne suffisent plus. La crise économique se résorbe lentement. Le pays connaît les révoltes de la misère, celle des pastoureaux, notamment, paysans déracinés et jeunes qui se font tailler en pièces dans une répression violente, comme les juifs et les lépreux qui sont autant de boucs émissaires. Philippe V, plus que ses prédécesseurs, est obligé de demander le consentement de ses sujets pour mettre en place une politique de revenus extraordinaires. Ces procédés, nourris aux idées démocratiques, favorisent le développement de l'opinion publique. Les assemblées d'états se mêlent aussi des affaires essentielles du royaume. Ce sont elles qui, en 1317, déclarent que les femmes ne succèdent pas à la couronne de France. C'est au cours de leurs discussions que naît l'idée de réformer le royaume. Passéiste, leur idéal est celui d'un retour à l'âge d'or du « bon roi Saint Louis ». Ainsi s'amorcent les principales revendications politiques du xive siècle. Comme Philippe V meurt en laissant seulement des filles de son mariage avec Jeanne, fille du comte palatin de Bourgogne Otton IV, ces idées trouvent dans une royauté fragile un terrain favorable à leur développement.
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Écrit par
- Claude GAUVARD : maître assistant à l'université de Paris-I
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