PHILIPPINES
Nom officiel | République des Philippines (PH) |
Chef de l'État et du gouvernement | Ferdinand Marcos Jr., dit Bongbong Marcos (depuis le 30 juin 2022) |
Capitale | Manille 1
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Langues officielles | Anglais, tagalog (filipino) |
Unité monétaire | Peso philippin (PHP) |
Population (estim.) |
116 628 000 (2024) |
Superficie |
300 000 km²
|
De la République à la dictature
Manuel Roxas, élu le 28 mai 1946, devient le troisième président du Commonwealth et, après les cérémonies d'indépendance du 4 juillet, le premier président de la IIIe République (1946-1972). Le nouveau président se trouve confronté à des problèmes intérieurs et extérieurs inextricablement mêlés. Le pays a un cruel besoin d'argent et se tourne vers Washington qui profite de l'opportunité pour obtenir des accords commerciaux et militaires à leur avantage ; c'est ainsi que les bases de Clark (aviation) et Subic Bay (marine) demeurent, jusqu'au retrait des États-Unis en 1992, le plus important dispositif militaire hors du territoire américain.
Une certaine vision de la politique
La IIIe république n'a pas éradiqué les maux endémiques de la société philippine : l'oligarchie ne desserre pas son étau sur les paysans, et la corruption, entendue comme le moyen de monnayer en espèces sonnantes et trébuchantes son pouvoir, devient de plus en plus visible. Pour mettre un terme à cette démocratie de façade, les Américains pressent les responsables politiques d'instituer le pluripartisme. Bien que les politicos rechignent à se diviser, Roxas crée le Parti libéral en 1946. Les autres partis, telle l'Alliance démocratique, ne comptent pas et quand ces petites structures ont des représentants au Congrès comme en 1946, les deux partis dominants s'arrangent pour les neutraliser. Pendant une très courte durée, la fiction du bipartisme est entretenue, même si les nationalistes et les libéraux n'ont pas de programme spécifique. Ces partis sont proaméricains, se font les chantres du libéralisme et ne souhaitent pas modifier l'ordre social. D'ailleurs, les hommes politiques se présentent au gré des circonstances avec l'étiquette nationaliste ou libérale. Mais, bien que contestable dans le fond, ce clivage laissait la possibilité d'une alternance. Or, en 1951, le Congrès vote une loi qui supprime l'identification partisane : le Republic Act 599 stipule que les électeurs doivent écrire le nom du candidat qu'ils veulent élire et non plus celui du parti. Cette décision affaiblit les partis et renforcent le pouvoir de l'oligarchie.
La représentation nationale est accaparée depuis la colonisation américaine par un réseau de familles, de clans aux puissantes assises provinciales qui laissent de moins en moins de place aux hommes nouveaux. Dans ce système de patronage, les paysans ne sont pas des citoyens ayant des droits mais des clients qui viennent réclamer les largesses de leur patron – immanquablement au moment des élections, ce qui permet de disposer d'un réservoir de votes que l'on peut vendre en totalité au candidat à la présidentielle le plus offrant, par exemple. Pour tout un chacun, la politique n'est jamais assimilée au bien commun mais plutôt à une activité lucrative, de la base provinciale au sommet de l'État. Être élu président demande beaucoup d'argent. Si l'impétrant n'a pas de fortune personnelle, ce qui est le plus souvent le cas, il courtise des patrons régionaux, des hommes d'affaires qui lui apportent un soutien financier moyennant rémunération après échéance. L'État est ainsi mis en coupe réglée au profit des intérêts particuliers. Dès la fin des hostilités, les affaires de corruption discréditent la jeune démocratie. Sous la présidence d'Elpidio Quirino, de 1948 à 1953, la situation empire. Bien que les rentrées fiscales doublent, consacrant la reprise économique, la corruption bat son plein. Dans le vocabulaire de l'époque, on désigne certains officiels comme des « 10 % », autrement dit des fonctionnaires ou des élus qui prennent 10 % aux hommes d'affaires pour leur octroyer des licences d'importation ou d'exportation.
Le moment[...]
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Écrit par
- Philippe DEVILLERS : docteur ès lettres (histoire), historien, professeur (relations internationales)
- Manuelle FRANCK : professeur des Universités, Institut national des langues et civilisations orientales
- William GUÉRAICHE : professeur associé, American University, Dubaï, Émirats arabes unis
- Lucila V. HOSILLOS
:
assistant professor , université des Philippines, Cubao - Jean-Louis VESLOT : diplômé de l'École nationale des langues orientales vivantes
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
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