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PHILOCALIE

Le terme de philocalie désigne littéralement, dans le vocabulaire de l'hellénisme chrétien, l'« amour de la beauté », celle de Dieu et celle de la créature transfigurée. Au sens large, il s'applique à toute anthologie de textes ascétiques et spirituels où s'inscrit l'expérience mystique de l'Église orthodoxe. Certaines « philocalies » restent d'usage personnel ou circulent dans des groupes restreints. D'autres prennent de l'importance pour l'Église entière : au ive siècle, une philocalie de textes d'Origène, composée par saint Basile et saint Grégoire de Nazianze ; au xiiie siècle, l'anthologie introduite par Nicéphore le Solitaire dans son Traité de la garde du cœur.

Toutefois, la Philocalie par excellence est celle qui paraît à Venise en 1782, in-folio de 1 200 pages sur deux colonnes. C'est l'œuvre commune d'un évêque, Macaire de Corinthe (1731-1805), et d'un athonite, Nicodème l'Hagiorite (1749-1809). Vaste florilège des témoins de la tradition hésychaste, méthode de la « prière intérieure », guide du père spirituel, haute théologie ordonnée à la contemplation, la Philocalie de 1782 s'affirme comme l'encyclopédie de la « lumière incréée » face à l'encyclopédie des « Lumières » de la seule raison. L'ouvrage, traduit en slavon par Paissié Vélitchkovski et publié à Saint-Pétersbourg en 1792, va structurer la renaissance de la pensée chrétienne dans la Russie du xixe siècle, notamment avec les startsi d'Optina, qui furent les inspirateurs des philosophes « slavophiles » (Kiriesvski, Khomiakov) et des plus grands écrivains russes, comme Dostoïevski. La Philocalie accompagne aussi, sur les chemins de son apostolat charismatique, le célèbre « pèlerin russe ».

Si Dobrotoliubié (1887), le nouveau recueil publié en russe par Théophane Zatvornikon (Théophane le Reclus), va dans le sens d'un affadissement piétiste, la Philocalie roumaine (Bucarest, 3 vol. parus de 1946 à 1948) éditée par le père Staniloaë se centre de nouveau sur l'essentiel et fait une place de choix à la synthèse christologique de Maxime le Confesseur.

Les textes les plus « techniques » de la Philocalie ont été traduits en français et présentés par Jean Gouillard : Petite Philocalie de la prière du cœur, Paris, 1953.

— Olivier CLÉMENT

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  • : agrégé de l'Université, professeur à l'Institut Saint-Serge de Paris

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