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PHILOLOGIE

XVIe et XVIIIe siècles

Cette « renaissance » est concentrée sur l'étude des œuvres de l'Antiquité. Pourtant, dès la fin du xvie siècle, un intérêt se manifeste, chez quelques érudits, pour des traditions plus proches : en 1650, Ménage publiera ses Origines de la langue française et, en 1678, Du Cange son Glossarium mediae et infimae latinitatis. La philologie s'ouvre au monde moderne. Au milieu du xviiie siècle, Lacurne de Sainte-Palaye (1697-1781) collectionne les manuscrits médiévaux, étudie l'histoire des troubadours, jette les premiers fondements d'une grammaire comparée des langues romanes et laisse en mourant un monumental Dictionnaire historique de l'ancien langage français. En 1733 a commencé la publication, par les bénédictins de Saint-Maur, de l'Histoire littéraire de la France, immense recueil qui consacre l'existence d'une branche de la philologie spécialisée dans l'étude et l'interprétation des œuvres du Moyen Âge. À côté de la « philologie classique » se crée ainsi le premier germe d'une « néophilologie », dont l'objet est la tradition représentée par les textes d'époque postantique, rédigés dans l'une ou l'autre des langues modernes ; néophilologie qui pourrait, du reste, revendiquer quelques précurseurs plus lointains, comme les éditeurs des « chansonniers » des xiiie et xive siècles et certains grammairiens du xvie. Vers 1800 existe ainsi d'ores et déjà, à côté d'une « philologie romane », une « philologie germanique », que suivront au xixe siècle des philologies anglaise, slave, puis d'autres désignées d'après la famille des langues aux documents desquelles elles s'appliquent. C'est, virtuellement, la totalité du patrimoine culturel européen qui devient, dans ses témoignages écrits, l'objet d'un inventaire, d'une remise à jour et d'une élucidation. Cette vaste entreprise culminera vers la fin du xixe siècle et au début du xxe.

Cependant, dès avant le milieu du xviiie, s'était dessiné, parallèlement à toutes ces recherches, un mouvement de pensée tendant à les valoriser en réexaminant la notion même d'histoire. Le nom du Napolitain Giambattista Vico (1668-1744) s'attache, dans cette perspective, à une réaction anticartésienne qui se marque à travers ses ouvrages parus en 1721 (De constantia philologiae), 1725 (La Scienza nuova) et 1744 (nouvelle version du même ouvrage). Vico annonce l'avènement d'une science nouvelle et totale dont l'objet est le monde historique, par opposition au monde naturel. Cette science, qui se confond en pratique avec la philologie, constitue une connaissance de l'homme dans son développement collectif : la poésie en est une partie, comme l'érudition et la grammaire. Il existe un lien entre la certitude historique et la vérité, entre la philologie (fondée sur l'étude des œuvres de la volonté humaine) et la philosophie (fondée sur la raison).

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Écrit par

  • : ancien professeur aux universités d'Amsterdam, de Paris-VII, de Montréal

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Robert Estienne - crédits : Stefano Bianchetti/ Corbis/ Getty Images

Robert Estienne

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