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PHILOSOPHIE DE L'ART, Hippolyte Taine Fiche de lecture

Les cours d'histoire de l'art professés à l'École des beaux-arts par Hippolyte Taine (1828-1893) entre 1864 et 1869 et édités progressivement ont été réunis ensuite en volume sous le titre de Philosophie de l'art en 1881. Ils ont exercé une profonde influence en France dans les deux dernières décennies du xixe siècle. Taine avait eu un début de carrière relativement difficile après des succès scolaires précoces. Le milieu des années 1860 marque pour lui un nouveau départ, auquel participent ces leçons, qui eurent très vite un immense succès auprès du public. Elles ne constituent qu'un pan de son activité : il publie en 1863 une Histoire de la littérature anglaise, travaille à partir de 1872 aux Origines de la France contemporaine (1875-1893), après avoir donné en 1870 l'essai De l'intelligence, tout cela l'éloignant de l'histoire de l'art et de l'esthétique abordées dans la Philosophie de l'art. Mais l'ouvrage restera l'une des œuvres marquantes de Taine, en partie à cause des idées exprimées dans un style très dense, en partie à cause de la réputation même de l'auteur.

Principes d'analyse de l'œuvre d'art

Taine a rassemblé ses conférences pratiquement dans l'ordre où il les a prononcées. En introduction, deux chapitres généraux, « De la nature de l'œuvre d'art » et « De la production de l'œuvre d'art », correspondent aux conférences présentées la première année. Ils posent le cadre général de l'analyse, appliquée ensuite (deuxième et troisième année d'enseignement) à « La Peinture de la Renaissance en Italie », puis à « La Peinture dans les Pays-Bas » (quatrième année). Taine, après avoir ainsi abordé « l'histoire des deux grandes écoles originales qui, dans les temps modernes, ont figuré aux yeux [du public] le corps humain », passe à « la plus grande et la plus originale de toutes, l'ancienne école grecque », en se limitant à l'art qui, en Grèce, était le « plus national, mieux approprié aux mœurs et à l'esprit public, probablement plus cultivé et plus parfait, la sculpture ». Une cinquième partie « De l'idéal dans l'art » conclut par des considérations générales.

La première partie, purement méthodologique, était faite pour marquer les esprits par une construction logique et concentrique : «  le point de départ [...] consiste à reconnaître qu'une œuvre d'art n'est pas isolée, par conséquent à chercher l'ensemble dont elle dépend et qui l'explique ». Le premier ensemble, et le plus naturel, est celui de « l'œuvre totale de l'artiste qui en est l'auteur ». Mais celui-ci, « considéré avec l'œuvre totale qu'il a produite », n'est pas isolé : « Il y a aussi un ensemble dans lequel il est compris, ensemble plus grand que lui-même, et qui est l'école ou famille d'artistes du même pays et du même temps à laquelle il appartient. » Et « cette famille d'artistes elle-même est comprise dans un ensemble plus vaste, qui est le monde qui l'entoure et dont le goût est conforme au sien. Car l'état des mœurs et de l'esprit est le même pour le public et pour les artistes ; ils ne sont pas des hommes isolés ». Pour comprendre une œuvre d'art, un artiste, un groupe d'artistes, il faut donc « se représenter avec exactitude l'état général de l'esprit et des mœurs du temps auquel ils appartenaient ».

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne

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