PHONÉTIQUE
Intégration auditive
On regroupe très souvent sous le nom de phonétique auditive des travaux assez différents.
Une première catégorie rassemble les études dans lesquelles l' audition constitue la méthode empirique d'observation directe (opposée aux méthodes expérimentales), d'identification et de classification des faits linguistiques. Toute une partie de la terminologie phonétique provient de l'impression ressentie à l'audition des réalisations sonores. Elle est utilisée concurremment avec la nomenclature définie à partir de données articulatoires : les termes d'explosive et de fricative correspondent respectivement à ceux d'occlusive et de constrictive. De même des qualificatifs tels que spirante, chuintante, sifflante, vibrante, relèvent d'une analyse auditive. À ce niveau se pose le problème fondamental de la transcription phonétique : un enquêteur qui décrit une langue est influencé par celle qu'il possède déjà, d'où une surdité à certains sons non représentés dans sa langue (« conditionnement linguistique »). Suffit-il d'un entraînement auditif pour surmonter ce handicap ? La transcription phonétique ne dépendrait-elle pas – par exemple dans le choix des signes utilisés – d'une interprétation préalable de la réalité bien plus que de la simple audition des phénomènes sonores ?
Dans l'autre série de travaux utilisant les méthodes de l'acoustique physiologique et de la psychologie expérimentale, les mécanismes de l'audition du langage constituent l'objet même de l'étude. Il s'agit en particulier de préciser, par différents tests, quels sont les phénomènes acoustiques de la parole perceptibles par l'oreille (seuils de perception) et ensuite ceux qui sont effectivement perçus dans des contextes linguistiques déterminés. Seul le recours à l'audition permet, en effectuant un tri parmi les nombreuses composantes objectives isolées lors de l'analyse acoustique, puis contrôlées à la synthèse, de dégager les éléments nécessaires et suffisants à l'établissement de la communication linguistique. Ces études couvrent ainsi le vaste champ de l'intégration auditive, depuis la détection des phénomènes sonores jusqu'aux problèmes plus complexes de leur catégorisation.
Quant aux rapports postulés depuis très longtemps, de manière intuitive, entre l'audition et la production des sons, ils font maintenant l'objet de recherches plus approfondies.
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Écrit par
- Denis AUTESSERRE : maître assistant à la faculté des lettres d'Aix-en-Provence
Classification
Médias
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