PHOSPHAGÈNE
Composé phosphoré labile, découvert dans le muscle, en 1927, par Eggleton et dénommé phosphagène parce que son hydrolyse libère une molécule d'acide phosphorique. Il a été identifié à la phosphocréatine :
Les muscles contiennent, plus que les autres tissus, deux composés phosphorés riches en énergie : le phosphagène et l'adénosine triphosphate (ATP) qui disparaissent au cours de l'activité du muscle en proportion du travail accompli, d'où l'idée qu'ils sont la source de l'énergie nécessaire à la contraction. Mais si l'ATPase est présente dans la cellule musculaire, il ne s'y trouve pas d'hydrolase capable de scinder la phosphocréatine en créatine et acide phosphorique et de libérer ainsi l'énergie ; en revanche, il existe dans le muscle une phosphoryl-créatine transférase qui permet le transfert, sans perte d'énergie, du groupement phosphoryle du phosphagène à l'ATP, selon le schéma :ATP + H2O → ADP + PO4H3 + énergie, ADP + phosphocréatine ⇆ ATP + créatine, ADP + phosphocréatine → ATP + H2O + créatinine.
La première réaction est la source de l'énergie requise pour la contraction musculaire ; elle est irréversible. La deuxième réaction, réversible, permet d'une part la recharge rapide du muscle en ATP, d'autre part la mise en réserve de l'énergie par synthèse du phosphagène (une liaison forte par molécule) ; l'énergie nécessaire à cette synthèse provient de la glycolyse. Lors de la régénération de l'ATP, une partie du phosphagène est transformée en créatinine, qui sera éliminée (troisième réaction). Au repos, le muscle des mammifères contient de quatre à six fois plus de phosphocréatine que d'ATP. Au cours du travail musculaire, les réactions métaboliques associées à la production d'ATP dans la phosphorylation oxydative ne fournissant pas assez d'ATP pour subvenir aux besoins du muscle, la phosphocréatine permet de régénérer l'ATP. Toutefois, elle ne constitue qu'une réserve rapidement épuisable et, si l'exercice musculaire se prolonge, le cycle glycolytique doit se remettre à fonctionner, d'où la pratique de l'« échauffement des muscles » d'un athlète.
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Écrit par
- Geneviève DI COSTANZO : docteur en médecine, docteur ès sciences, chargée de recherche au C.N.R.S.
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- Écrit par Geneviève DI COSTANZO
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