- 1. Le commerce de l'information
- 2. Des agences pour la photographie
- 3. L'agence, affaire des photographes
- 4. Personnalités et sensibilités
- 5. Les enjeux de la diffusion
- 6. La révolution numérique
- 7. L'image en holdings
- 8. Les photographes face au e-commerce
- 9. La disparition des grandes agences
- 10. Le temps des collectifs
- 11. Les kiosques numériques
- 12. Le photojournalisme entre dans les galeries
- 13. Documents amateurs et photos libres de droits
- 14. Les nouveaux médias inventent le photojournalisme 2.0
- 15. Vidéographie, l'avenir ?
- 16. Femmes et photojournalisme, vers une parité ?
- 17. Entre « fake news », « pôles d’exclusivité » et crise sanitaire, continuer à informer
- 18. Bibliographie
PHOTOGRAPHIE DE PRESSE
Entre « fake news », « pôles d’exclusivité » et crise sanitaire, continuer à informer
Les photographes qui documentent l’actualité sont confrontés à l’usage de plus en plus important de « pôles d’exclusivité », qui restreint certaines autorisations ou accréditations à un très petit nombre de photographes. À la suite de la crise des « gilets jaunes », la Préfecture de Paris a cherché à limiter l’accès des photographes de presse aux manifestations. Lors de la campagne présidentielle de 2022, seuls cinq ou six photographes ont été autorisés à suivre Emmanuel Macron lors de ses déplacements. Jean-Claude Coutause, l’un des photographes accrédités explique : « Il y a un vrai désir de nous remplacer par des photographes officiels » (Polka, printemps 2022).
Au festival Visa pour l’image, en septembre 2021, le « reportage » projeté The Book of Veles du photographe norvégien Jonas Bendiksen (agence Magnum), portant sur l’industrie des fake news en Macédoine, s’est révélé être lui-même un faux, sciemment réalisé par le photographe grâce à un logiciel 3D. Son objectif était de montrer à quel point la frontière entre réalité et fiction est souvent fragile. Cette initiative a éclairé le débat sur la notion de véracité des images d’information à l’heure où il est désormais très facile de les manipuler, voire de les créer de toutes pièces, à l’aide des nouvelles technologies.
Avec la crise sanitaire due à la pandémie de Covid-19, enfin, la profession a subi de plein fouet une baisse conséquente de la production de presse. Roselyne Bachelot, alors ministre de la Culture, a commandé un rapport auprès de la conseillère d’État Laurence Franceschini, sur le financement et la diffusion des photographies. Une bourse d’aide à la création destinée aux photojournalistes est lancée et confiée à la Bibliothèque nationale de France. Deux cents photojournalistes devraient en bénéficier, avec pour chacun une bourse de 22 000 euros. Dans l’attente du rapport Franceschini, les organisations professionnelles ont publié une lettre ouverte pour demander des mesures d’urgence face à la révolution numérique, la montée en puissance des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) et la crise de la Covid-19. Le rapport, enfin publié en mars 2022, préconise d‘améliorer le respect du droit d’auteur des photographes, de renforcer la visibilité de la création photographique et des femmes photographes, de développer le soutien aux différents acteurs du secteur, de mieux protéger le patrimoine photographique et de développer le soutien à l’éducation à l’image. Ce rapport doit servir de base aux « États généraux de la photographie ».
La vitesse et l'instantanéité de la photographie numérique, les nouveaux modes de transmission et de diffusion des images à l'échelle de la planète ont ainsi conduit à redéfinir les règles du métier de photojournaliste. Fondées sur un travail d'auteur, d'autres formes de photojournalisme de longue durée et financées par des modes alternatifs réapparaissent et permettent de contrebalancer cette tendance de la photographie d'information globalisée.
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Écrit par
- Alain LE BACQUER : photojournaliste, journaliste de la presse photo et formateur en photojournalisme
- Hervé LE GOFF : professeur d'histoire de la photographie, critique
Classification
Médias
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