- 1. Le processus d'invention
- 2. 1839-1841 : une invention multiple
- 3. 1851-1880 : l'âge du collodion et des procédés artisanaux
- 4. 1871 : le procédé moderne au gélatinobromure d'argent et la naissance de l'industrie photographique
- 5. L'essor des systèmes argentiques au XXe siècle
- 6. Le développement des techniques numériques associées à la photographie
- 7. Bibliographie
PHOTOGRAPHIE Histoire des procédés photographiques
1839-1841 : une invention multiple
Après plusieurs tentatives qui prolongent cette période pré-photographique – notamment celles de Thomas Wedgwood (1771-1805) et Humphry Davy (1778-1829), qui présentent en 1802 des impressions non fixées – on assiste à la mise en place de l'invention, qui emprunte quatre voies autonomes au travers des travaux de Nicéphore Niépce (1765-1833), de Louis Jacques Mandé Daguerre (1787-1851) et de Hippolyte Bayard (1801-1887) en France et ceux de William Henry Fox Talbot (1800-1877) en Grande-Bretagne.
Les héliographies de Niépce
Dès 1816, Nicéphore Niépce entreprend ses premières expérimentations à l'aide de papiers sensibilisés au chlorure d'argent. La polarité négative des images obtenues ainsi que l'impossibilité de les fixer le conduisent à abandonner rapidement cette piste pour celle des résines naturelles qui avait fait l'objet d'investigations antérieures. Il oriente alors ses recherches vers le bitume de Judée. Ce produit naturel est composé principalement d'hydrocarbures et ses propriétés de durcissement à la lumière en font un lointain précurseur des photopolymères employés aujourd'hui pour la fabrication des plaques d'imprimerie ou pour la gravure des circuits intégrés de l'industrie électronique. Après avoir obtenu ses premières héliographies sur une plaque d'étain recouverte de vernis sensible, Niépce collabore avec des imprimeurs pour transformer cette matrice originale en planche d'impression. Il obtient ainsi des épreuves positives sur papier qui approchent le rendu de la gravure traditionnelle et met en place le principe de la reproduction mécanique des images qui connaîtra des développements importants. La photographie intitulée Point de vue pris d'une fenêtre de la propriété du Gras à Saint-Loup-de-Varennes, réalisée par Niépce, dans sa propriété de Saône-et-Loire, sur une plaque d'étain recouverte de bitume de Judée, est considérée comme la photographie la plus ancienne. Elle a probablement été obtenue en 1827 (ou 1826) et utilisée par Niépce pour assurer la présentation de son invention en Grande-Bretagne. Longtemps disparue, retrouvée en 1952 par l'Allemand Helmut Gernsheim (1913-1995), historien de la photographie, elle est aujourd'hui conservée dans une collection américaine (Harry Ransom Humanities Research Center, université d'Austin au Texas) qui l'a acquise en 1963. Une vente aux enchères, organisée à Paris au printemps 2002 par la compagnie britannique Sotheby's, a révélé l'existence d'une autre image réalisée par Niépce et antérieure à l'héliographie du Gras. Datée de 1825, grâce à l'existence d'un document rédigé par l'inventeur, cette reproduction sur papier d'une estampe, obtenue par gravure héliographique sur une plaque de cuivre, est intitulée Un cheval avec son conducteur. La révélation de l'existence de cette épreuve ne remet pas en cause le statut de l'héliographie du Gras qui reste, à ce jour, la première photographie réalisée d'après nature.
Par la suite, les procédés initiaux de Niépce vont bénéficier d'améliorations significatives : l'étain est remplacé par du cuivre recouvert d'une fine pellicule d'argent (doublé argent) afin de produire un effet miroitant sur le support, et le bitume de Judée, très peu sensible, est abandonné.
En 1829, Niépce conclut un contrat d'association avec Louis Jacques Mandé Daguerre, décorateur de théâtre et créateur de spectacles de tableaux peints (dioramas), qui mène également des recherches sur les substances modifiables par la lumière. Cette collaboration débouche sur la mise au point du physautotype, qui marque la dernière évolution notable des procédés de Niépce. La nouveauté du procédé repose sur l'emploi d'un résidu d'essence de lavande, obtenu[...]
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Écrit par
- Jean-Paul GANDOLFO : professeur à l'École nationale supérieure Louis-Lumière
Classification
Médias
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