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PHOTOGRAPHIE Histoire des procédés photographiques

1851-1880 : l'âge du collodion et des procédés artisanaux

Entre 1851 et 1880, un procédé de prise de vue domine l'ensemble des systèmes de formation d'images : il s'agit du collodion humide sur verre mis au point par le Britannique Frederick Scott Archer (1813-1857). La mise en œuvre de cette technique requiert un bon niveau d'adresse de la part de l'opérateur tout en restant relativement aléatoire en termes de résultats. Dans un premier temps, les plaques de verre sont recouvertes d'un liant formulé à partir de collodion (coton-poudre mis en solution dans un mélange d'alcool et d'éther) dans lequel a été incorporé de l'iodure de potassium. Ces plaques deviennent sensibles lorsqu'elles sont immergées dans une solution de nitrate d'argent qui provoque la formation d'iodure d'argent photosensible. L'image latente, formée lors de l'exposition, est rendue visible par un traitement chimique conventionnel (révélateur, fixateur). Le collodion inaugure l'ère de la photographie sur support en verre et permet d'atteindre des niveaux de finesse dans la restitution des détails que n'autorisaient pas les techniques antérieures. Seul inconvénient : l'opérateur doit préparer la plaque dans les instants qui précèdent la prise de vue et l'exposer avant qu'elle n'ait eu le temps de sécher, d'où l'appellation de collodion humide qui reste attachée au procédé (photo 2).

Ce protocole de préparation, pour le moins contraignant, a néanmoins permis à des opérateurs habiles et téméraires de réaliser des images dans des contrées éloignées avec les moyens de déplacement rudimentaires de l'époque. Les expéditions des frères Auguste Rosalie (1826-1900) et Louis Auguste (1814-1876) Bisson au sommet du mont Blanc (1861 et 1862), destinées à illustrer par la photographie le rattachement récent de la Savoie à la France, représentent un moment d'anthologie de cet âge du collodion. Les épreuves positives, obtenues à partir des plaques au collodion humide, étaient généralement des papiers albuminés dont le principe avait été inventé en 1850 par Louis-Désiré Blanquart-Evrard (1802-1872) pour améliorer le rendu jugé trop imprécis des papiers salés tout en exploitant la finesse de restitution du négatif au collodion. Ces feuilles de papier, recouvertes d'albumine salée (blanc d'œuf incorporant du chlorure de sodium), sont rendues sensibles par imprégnation de nitrate d'argent. La réaction du nitrate d'argent avec le sel contenu dans les feuilles provoque la formation de chlorure d'argent qui permet d'obtenir, par exposition en contact avec la plaque originale, une image positive par noircissement direct.

Les papiers albuminés sont employés couramment pour la production d'épreuves jusqu'au début du xxe siècle (photo 3). Ils accompagnent le développement de la photographie appliquée aux domaines scientifiques et artistiques (archéologie, astronomie, médecine, botanique, chronophotographie...).

Les procédés pigmentaires, qui se mettent en place dans la seconde moitié du xixe siècle à partir des travaux fondateurs d'Alphonse Poitevin (1819-1882), s'inscrivent dans la filière technique des procédés argentiques. Sous des formes évoluées, ils sont à l'origine de certains procédés employés aujourd'hui pour l'holographie ou dans l'industrie des arts graphiques. L'image définitive est construite à partir d'un composé pigmentaire (souvent du noir de carbone, d'où l'appellation « tirage au charbon ») incorporé dans un liant organique (gomme, gélatine...) qui est rendu photosensible par la présence d'un sel de chrome (bichromate de potassium ou d'ammonium). Lors de l'exposition, la couche de liant pigmenté est tannée (durcie), proportionnellement[...]

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