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PHOTOGRAPHIE Histoire des procédés photographiques

L'essor des systèmes argentiques au XXe siècle

Eadweard Muybridge - crédits : Historical/ Corbis Historical/ Getty Images

Eadweard Muybridge

Succédant à une première période dominée par des pratiques artisanales qui privilégiaient la diversité des approches et l'initiative individuelle, l'activité photographique du xxe siècle est caractérisée par une hégémonie industrielle dans l'exploitation du procédé au gélatinobromure d'argent dont le potentiel de développement demeure inépuisé à ce jour. Les premières améliorations portent sur la sensibilité du procédé, qui est rendue possible par une plus grande maîtrise des paramètres de fabrication, en particulier la maturation qui consiste à chauffer la préparation sensible avant couchage. Ces progrès permettent les premières études photographiques de la locomotion humaine et animale (chronophotographies) de l'Américain Eadweard Muybridge (1830-1904) et du Français Étienne Jules Marey (1830-1904), qui participent au développement des applications de la photographie à la science (médecine, astronomie, zoologie, géographie, cartographie...), tout en s'inscrivant dans le processus d'invention du cinématographe. La sensibilité spectrale, initialement réduite à l'ultraviolet et au bleu, est progressivement étendue à l'ensemble du spectre de la lumière visible grâce à la découverte des sensibilisateurs optiques (colorants adsorbés à la périphérie des cristaux d'halogénures d'argent) par l'Allemand Hermann Wilhelm Vogel (1834-1898) en 1873. Les émulsions panchromatiques – sensibles à l'ensemble des radiations visibles – seront commercialisées trente années plus tard, lorsqu'il sera possible de produire des colorants organiques de synthèse à l'échelon industriel, en particulier les séries issues des cyanines (Pinachrome, Pinaverdol, Orthochrome T...).

Étienne-Jules Marey - crédits : AKG-images

Étienne-Jules Marey

Chronophotographie - crédits : Encyclopædia Universalis France

Chronophotographie

Les progrès enregistrés au niveau de la chromatisation rendent possible la mise au point de procédés couleurs performants dès le début du xxe siècle. La plaque autochrome, premier procédé industriel de photographie en couleurs (brevetée en 1903), est commercialisée par Louis et Auguste Lumière en 1907. Elle se présente sous la forme d'une diapositive sur verre exploitant les propriétés de la synthèse additive (cf. photographie - Procédés argentiques). La couleur est restituée par l'intermédiaire d'un réseau trichrome microscopique constitué de grains de fécules de pomme de terre teintés en violet, vert et orangé. Les procédés additifs commercialisés par les frères Lumière (Autochrome, Filmcolor, Alticolor) ou par leurs concurrents (Dufaycolor, Finlay, Omnicolore, Paget...) dominent le marché de la couleur jusqu'à l'apparition des premiers systèmes chromogènes exploitant la synthèse chimique des colorants pendant le traitement, qui a été inventée en 1912 par Rudolf Fischer (1881-1957). Ces nouveaux procédés en couleurs sont commercialisés, pour des applications photographiques, en 1936, simultanément par Kodak (Kodachrome) et Agfa (Agfacolor-Neu).

Les progrès de l'industrie bénéficient également à la technologie des supports. Les supports souples inflammables en Celluloïd, introduits par George Eastman dès 1887, sont progressivement remplacés par le triacétate de cellulose (Kodak, 1948) et par le polyester (Cronar de du Pont de Nemours, 1955). Les plaques en verre, utilisées depuis la seconde moitié du xixe siècle, disparaissent au milieu des années 1950.

La commercialisation du premier appareil à développement instantané (Polaroid 95), par l'Américain Edwin Land (1909-1991) en 1948, marque une avancée significative dans les techniques modernes d'émulsionnage au regard des multiples problématiques qui ont dû être résolues pour finaliser le concept. Le procédé, initialement monochrome, est adapté à la couleur en 1963 (Polacolor). Il est ensuite profondément remanié pour donner naissance au[...]

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