- 1. Le processus d'invention
- 2. 1839-1841 : une invention multiple
- 3. 1851-1880 : l'âge du collodion et des procédés artisanaux
- 4. 1871 : le procédé moderne au gélatinobromure d'argent et la naissance de l'industrie photographique
- 5. L'essor des systèmes argentiques au XXe siècle
- 6. Le développement des techniques numériques associées à la photographie
- 7. Bibliographie
PHOTOGRAPHIE Histoire des procédés photographiques
Le développement des techniques numériques associées à la photographie
Les progrès scientifiques et techniques réalisés dans des domaines de pointe sont parfois à l'origine d'objets innovants qui peuvent modifier profondément l'activité humaine dans les secteurs où ils sont ensuite mis en œuvre. La photographie numérique, dont le marché se met en place à la fin des années 1980, peut s'analyser sous l'angle de ces évolutions décisives qui permettent de prolonger les résultats de la recherche appliquée. Ce mouvement rend possible la fabrication en grande série d'objets techniques conçus initialement comme des prototypes, tout en profitant des effets d'échelle résultant d'une production industrielle.
D'un point de vue historique, les techniques associées au concept de la photographie numérique s'inscrivent dans le développement des moyens de télédiffusion qui s'opère à partir de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Dans les années 1960, les progrès accomplis dans la transmission d'images à distance sont mis au service de la conquête spatiale. Des caméras vidéo sont embarquées à bord des sondes automatiques chargées de réaliser les premières photographies de la surface lunaire. Associée au Jet Propulsion Laboratory (J.P.L.), la N.A.S.A. (National Aeronautics and Space Administration) met en place les programmes Ranger (1 à 9, 1961-1965) et Surveyor (1 à 7, 1966-1968) qui sont à l'origine d'avancées remarquables dans le domaine de la cartographie lunaire. Les pertes d'information liées aux conditions de transmission des signaux vidéo (analogiques) conduisent à mettre au point des techniques d'échantillonnage et de quantification de l'information qui sont à la base de l'imagerie numérique.
Le 24 août 1981 marque une date significative dans ces transferts de technologie. Akio Morita (1921-1999), alors dirigeant de la société japonaise Sony, présente le prototype du premier appareil photographique magnétique, le Mavica (Magnetic Video Camera). Il s'agit en fait d'une camera vidéo dont le capteur de taille modeste (260 000 pixels) a été adapté à l'enregistrement d'images fixes qui peuvent être stockées – sous une forme analogique et non encore numérique – sur un disque magnétique. L'appareil n'est pas véritablement opérationnel – il ne sera d'ailleurs jamais réellement commercialisé –, mais l'effet d'annonce est atteint et, à compter de ce jour, la photographie magnétique constitue désormais un enjeu réel pour les industriels qui ont les moyens de se positionner sur ce nouveau marché. À la fin des années 1980, une vingtaine d'appareils sont disponibles, parmi lesquels figurent plusieurs modèles professionnels adaptés à la photographie de presse, qui sont associés à des systèmes de transmission à distance par ligne téléphonique (1986, Canon RC 701, 1988, Nikon QV-1000C avec valise d'émission QV-1000T). Des expériences de télétransmission d'images produites par des photoscopes (appareils photographiques électroniques) analogiques sont réalisées lors des jeux Olympiques de Los Angeles en 1984. Le Fuji DS-1P, qui est présenté en 1988, incorpore un CCD (charged coupled device) composé de 380 000 pixels. Il est le premier photoscope équipé d'une carte mémoire SRAM (static random access memory, 2 Mo) permettant de stocker les images enregistrées sous forme numérique. Les premiers dos numériques, adaptables sur des appareils de prise de vue conventionnels, sont commercialisés au début des années 1990 (Rollei Scan Back Photomagic).
Au cours de la dernière décennie du xxe siècle, la taille des capteurs équipant les appareils de prise de vue grand public progresse de manière régulière pour se stabiliser au début du xxie siècle entre 2 et 5 mégapixels, taille[...]
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Écrit par
- Jean-Paul GANDOLFO : professeur à l'École nationale supérieure Louis-Lumière
Classification
Médias
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