PHOTOGRAPHIE Procédés argentiques
Évolution et composition des surfaces sensibles
Les supports
Parallèlement à l'évolution des systèmes de formation d'images, la technologie des supports accompagne l'histoire de la photographie. Les premiers supports souples, qui se développent à la fin du xixe siècle, vont se substituer progressivement au support en verre employé depuis les années 1850, avec le procédé au collodion. Ils permettent en effet la réalisation d'appareils de prise de vue compacts et légers qui exploitent l'autonomie apportée par les films conditionnés en bobines. L'émergence d'une industrie de l'émulsionnage, le développement de la photographie amateur ainsi que la mise au point du cinématographe sont liés, pour une large part, à la disponibilité de ces nouveaux supports. La stabilité physique et chimique des matériaux entrant dans la composition des supports joue un rôle déterminant pour la conservation à long terme des objets photographiques.
La plaque en verre
Avec une fabrication bien maîtrisée au cours de la seconde moitié du xixe siècle et des propriétés optiques satisfaisantes en termes de transparence, le verre a servi dans la mise en œuvre de nombreux procédés photographiques historiques. Utilisé, dans un premier temps, pour le recouvrement des daguerréotypes, il est ensuite employé de manière intensive avec le procédé au collodion humide, puis avec les premières plaques sèches au gélatinobromure d'argent. Son usage perdure dans les premières décennies du xxe siècle avant qu'il ne soit progressivement remplacé par les supports souples. Les principaux émulsionneurs continuent toutefois à livrer des émulsions couchées sur verre jusque dans les années 1950 pour répondre à des applications scientifiques (astrophotographie, détection de particules...) ou techniques (industrie des arts graphiques) qui exigent un haut niveau de stabilité dimensionnelle.
Le nitrate de cellulose
Le nitrate de cellulose est le premier matériau plastique appliqué à la fabrication des supports. Il est préparé par estérification de molécules de cellulose, extraites de bois ou de coton, en présence d'un mélange d'acides nitrique et sulfurique, ce dernier jouant le rôle de catalyseur de réaction. Des ajouts de plastifiants, initialement à base de camphre, permettent de renforcer ses propriétés plastiques. Additionné à des solvants organiques (acétone, méthanol...), le nitrate de cellulose forme un collodion – selon l'expression employée en pharmacopée pour désigner un liquide sirupeux – qui peut être couché sur une plaque métallique polie. Après séchage, une fraction importante des solvants s'évapore et on obtient un film souple qui se détache aisément du support de coulage sous la forme d'une bande qui peut ensuite être recouverte d'une émulsion. Introduits dès 1888, les supports en nitrate de cellulose sont utilisés jusqu'en 1952-1953, date à laquelle ils sont retirés du marché en raison de leur trop grande inflammabilité. Dans la littérature technique, ce type de supports est souvent qualifié de « film flamme ».
Le triacétate de cellulose
Introduit en 1948, le triacétate de cellulose remplace progressivement le nitrate pour la réalisation de supports. Ses excellentes caractéristiques de non-inflammabilité sont à l'origine de son appellation de « film de sécurité (safety film) ». Il est obtenu par estérification de la cellulose en présence d'acide acétique ; la réaction est catalysée par l'acide sulfurique. Sa production industrielle met en jeu des quantités importantes de solvants organiques (chlorure de méthylène, n-butanol, méthanol...). À l'instar des esters précédents, ses propriétés plastiques sont renforcées par l'ajout de plastifiants (triphénylphosphate, phtalate d'éthyl ou de butyl). La fragilité des supports en triacétate de cellulose[...]
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Écrit par
- Jean-Paul GANDOLFO : professeur à l'École nationale supérieure Louis-Lumière
Classification
Médias
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