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PHOTOGRAPHIE Procédés argentiques

Le procédé classique noir et blanc

Formulation et mode d'action des révélateurs

Dans un premier temps, il est nécessaire d'amplifier la masse d'argent photolytique (Ag) constituant l'image latente. Cette fonction est assurée par le révélateur. Celui-ci est formulé à partir d'un ou plusieurs composés réducteurs, généralement choisis parmi les dérivés aromatiques du benzène portant des radicaux phénol ou amine, qui sont associés à une substance alcaline afin de renforcer leur potentiel d'oxydo-réduction. La formule incorpore également du sulfite de sodium qui protège la solution de l'oxydation aérienne et transforme les produits d'oxydation du révélateur, généralement colorés, en composés incolores. Lorsqu'il est employé à forte dose, le sulfite de sodium exerce une action solvante sur les halogénures d'argent qui favorise la formation d'une granulation fine. La formule du D-76, mise au point par Kodak en 1927 et toujours employée, est emblématique de cette famille de révélateurs à grains fins qui a rendu possible l'emploi du film 35 mm et la production de tirages de qualité.

Un anti-voile minéral (bromure de potassium) ou organique (benzotriazole) peut également participer à la formulation : il protège les cristaux d'halogénure d'argent non exposés d'un phénomène de développement spontané à l'origine du voile chimique.

Le développement est une réaction d'oxydo-réduction assujettie aux lois de la thermodynamique. Les deux couples réducteur-réducteur oxydé et halogénure d'argent-argent métal sont à l'origine de l'équilibre réactionnel qui s'établit en cours de traitement :

L'image latente joue le rôle de catalyseur de réaction en permettant à la solution réductrice d'exercer une subtile discrimination entre les cristaux vierges et ceux qui ont été exposés. À l'issue du développement, le rapport d'amplification de la masse argentique formée, ramenée aux agrégats métalliques constitutifs de l'image latente primitive, se situe dans un rapport compris entre 106 et 109.

L'argent produit par la réaction de réduction est projeté à l'extérieur du cristal, sous la forme de filaments enroulés qui sont à l'origine de la granulation observée sur les photographies (photo 3). La taille de ces amas est généralement comprise entre 10 et 160 nanomètres, selon les types d'émulsion et les paramètres du développement qui leur sont appliqués. Ces variations de taille mettent en place des caractéristiques morphologiques qui conditionnent l'absorption spectrale de ces amas argentiques. Pour des diamètres compris entre 10 et 50 nanomètres, la tonalité de l'image sera relativement chaude ; au-delà, elle passera par un stade neutre et deviendra froide avec les agglomérats filamentaires les plus compacts. Cette particularité physique de l'argent développé est mise à profit par les émulsionneurs pour ajuster la tonalité des épreuves noir et blanc.

Les traitements de fixage et de lavage

Le bain de fixateur permet de débarrasser la couche sensible des sels d'argent résiduels qui n'ont pas été concernés par l'action du révélateur et qui pourraient être à l'origine d'un phénomène de noircissement direct. Il est généralement formulé à partir de thiosulfate [de sodium, Na2S2O3, ou d'ammonium, (NH4)2S2O3]qui réagit sur les halogénures résiduels (chlorure, bromure et iodure d'argent) en formant des complexes solubles argent-thiosulfate :

La réaction passe par la production de complexes intermédiaires faiblement solubles. Il est nécessaire d'alimenter la réaction par un apport d'ions thiosulfate (S2O32–) afin de transformer les complexes intermédiaires de la réaction dont la solubilité est faible.

Les fixateurs sont généralement[...]

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Procédé argentique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Procédé argentique

Photographie argentique : papier baryté - crédits : Encyclopædia Universalis France

Photographie argentique : papier baryté

Photographie argentique : papier RC-PE - crédits : Encyclopædia Universalis France

Photographie argentique : papier RC-PE

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