PHOTOGRAPHIE Procédés argentiques
La photographie en couleurs
Les procédés historiques
Les procédés trichromes
C'est le Britannique Thomas Young (1773-1829) qui démontra en 1802, à partir de travaux expérimentaux sur la dissection de l'œil, que la physiologie de la perception est régie par un mode trichrome. Les cellules visuelles qui tapissent le fond de la rétine présentent une sensibilité chromatique variable correspondant aux régions bleue, verte ou rouge du spectre lumineux. L'Allemand Hermann von Helmholtz (1821-1894) prolonge les travaux de Young et précise, en 1852, la nature exacte des couleurs primaires exigées par la synthèse trichrome, qu'il s'agisse de mélanges de couleurs pigmentaires ou de rayonnements colorés.
Le principe de la trichromie constitue le dénominateur commun de l'ensemble des procédés photographiques – conventionnels ou numériques – qui sont mis en œuvre pour restituer la couleur. Il définit un système dans lequel il est possible de reproduire un maximum de couleurs à l'aide de multiples combinaisons de trois d'entre elles (primaires), judicieusement choisies. Cette simplification du problème de la reproduction des couleurs, critiquée par certains scientifiques dans la seconde moitié du xixe siècle pour son incapacité à restituer avec exactitude les couleurs spectrales issues du prisme de Newton, prend en compte les limites du processus physiologique de la vision. L'œil n'a pas la capacité d'analyser individuellement les longueurs d'onde des radiations qui composent le spectre de la lumière naturelle, car les mécanismes de la vision privilégient une appréciation globale des univers colorés et ignorent la distribution spectrale des flux lumineux présents dans le champ visuel. Ainsi, une même sensation de couleur peut être produite par des lumières de compositions spectrales différentes (H. G. Grassmann, 1853).
Adoptant les points de vue de Young sur la nature trichrome de la vision, l'Écossais James Clerk Maxwell (1831-1879) y apporte une contribution physique en réalisant, pour la première fois, l'étalonnage complet du spectre. Ses travaux participent à la définition du concept moderne d'espace colorimétrique, permettant de qualifier avec précision les propriétés des couleurs. Maxwell réalise la première projection de photographies trichromes lors d'une communication sur la nature des couleurs primaires devant la Société royale d'Angleterre en 1861. Lors de cette présentation, il formule le fait trichrome : « Bien que le nombre des couleurs nous semble illimité, elles peuvent toutes se ramener, au point de vue de l'impression qu'elles déterminent sur notre œil, à trois couleurs fondamentales, dont les combinaisons infiniment variées sont susceptibles de produire toutes les nuances possibles. »
L'expérience de Maxwell, aussi innovante fût-elle, n'était pas totalement satisfaisante ; la fidélité de la synthèse trichrome demeurait approximative, et seul le cas du mélange des lumières colorées était envisagé. Une solution globale, s'appliquant également aux mélanges pigmentaires, sera apportée en 1869 par deux Français, Charles Cros (1842-1888) et Louis Ducos du Hauron (1837-1920), qui définissent, simultanément et sans concertation préalable, les bases théoriques de la photographie des couleurs. Ducos du Hauron produit, à l'appui de sa communication, des épreuves sur papier qui, en dépit de leurs imperfections, constituent une prouesse réelle au regard des moyens disponibles à l'époque. À la fois pragmatiques et visionnaires, possédant une excellente connaissance des sciences de leur époque mais ne dédaignant pas les vertus de l'empirisme, les deux inventeurs montrent une voie qui ne sera que peu fréquentée par leurs contemporains, et ce malgré les espoirs entretenus par trente ans de photographie achrome et une quête de la couleur[...]
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Écrit par
- Jean-Paul GANDOLFO : professeur à l'École nationale supérieure Louis-Lumière
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