PHRYGIE
La perte de l'indépendance
Une renaissance s'esquisse vers la fin du viie siècle, que n'affecte pas la formation en royaume de la province de Méonie : son roi, Candaule, est évincé par Gygès, de la dynastie des Mermnades, qui s'installe à Sardes avec le titre de roi de Lydie. La Phrygie suivait désormais le sort du royaume lydien et tombait avec lui au pouvoir des Perses en 546. Avec l'Hellespont, la Paphlagonie et la Cappadoce, elle formait une satrapie. Les Phrygiens fournissaient un contingent à l'armée de Xerxès en 480. La Phrygie semblait décliner, et devenait pourvoyeuse d'esclaves pour le monde grec, lorsque Alexandre le Grand s'empara de Gordion et, tranchant le fameux nœud, s'assura symboliquement la maîtrise de l'Anatolie (333). La Phrygie était désormais une pièce sur l'échiquier politique du monde hellénistique : après la bataille d'Ipsos (301), elle passe des mains d'Antigone à celles de Lysimaque, puis des Séleucides après 281. Pour peu de temps, car, vers 275, toute la partie à l'est du Sangarios était conquise par des envahisseurs celtes qui lui laissèrent le nom de Galatie. Simultanément, la Phrygie occidentale entrait peu à peu dans l'orbite du royaume de Pergame. Revendiquée par les Séleucides, les Galates ou les Attalides, la Phrygie devait définitivement échoir à ces derniers lors de la paix d'Apamée, imposée par Rome en 188. À nouveau, enjeu entre le roi du Pont et le roi de Bithynie, lors de la disparition du royaume de Pergame, la Phrygie fut annexée en 103 à l'importante province d'Asie dont elle suivit le sort dans l'Empire romain. Au début du ive siècle après J.-C., elle devait retrouver son individualité administrative grâce à Dioclétien qui créa les provinces de Phrygie Première et Seconde à l'ouest du Sangarios. Et c'est dans l'Empire d'Orient du ve siècle que le nom de Phrygie s'efface devant ceux des provinces Pacatiana et Salutaris.
Tout au long de ce millénaire, la vie de la Phrygie manifeste ses caractères permanents. Elle reste une plaque tournante des communications entre le littoral égéen et le Proche-Orient : l'ancienne tour royale perse en représente l'axe, de Sardes, dans la vallée de l'Hermos, à Ancyre (Ankara) ; plus au sud, une autre route joignait Éphèse à Apamée, par la vallée du Méandre (actuel Büyük Menderes). Les ressources minières étaient appréciables : en plus de l'or roulé dans les sables du Pactole, de l'onyx et du mica, Synnada produisait des marbres veinés de rouge que l'on exportait jusqu'à Rome. La richesse agricole n'était pas moindre, notamment dans la plaine de Sardes. Les Phrygiens étaient surtout réputés comme éleveurs, et ils étaient si experts dans l'art du tissage qu'ils passaient pour l'avoir inventé ; les laines de Laodicée étaient célèbres, tandis que l'eau de Hiérapolis donnait un éclat renommé aux teintures.
La société conservait cependant une allure féodale. De puissantes principautés sacerdotales, telle celle de Pessinonte, possédaient de vastes domaines cultivés par des serfs, et le temple lui-même ajoutait à sa vocation de pèlerinage une fonction commerciale. C'est dire que la religion a joué un rôle capital dans la vie de la Phrygie.
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Écrit par
- André LARONDE : membre de l'Institut, professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne
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